I'm by your side ▲ Jack & Jackie

Il était tout juste dix heures du matin, j’étais arrivée à Sunnyside depuis la veille au soir et je regrettais déjà presque d’être revenue. Mon avion avait eu un retard monstre et j’avais passé une nuit atroce dans un petit motel pourri. Mon frère me manquait terriblement et j’aurais aimé pouvoir sonner à sa porte hier soir seulement à mon arrivée il était plus de minuit, je n’avais donc pas eu envie de le déranger, lui et ses colocataires à une heure si tardive. De plus il aurait été hors de question de dormir chez mes parents et comme je revenais si peu souvent dans ma bourgade natale je n’y avais jamais eu d’appartement. J’aurais évidemment pu squatter chez des amis qui s’amusaient encore mais le cœur n’était pas à la fête. Comme à chacune de mes visites ici, la première nuit était la plus difficile car je flippais à l’idée de tomber sur mes parents auxquels je ne rendais plus visite. Nos rapports étaient si conflictuels que je ne voyais pas l’intérêt de faire un tel effort. Je préférais consacrer du temps à ceux qui en valaient la peine. Après tout mon père n’en n’avait jamais eu assez pour moi, du temps, alors à quoi bon.
Après une nuit agitée je me levais tôt ce matin-là et allais prendre mon petit déjeuner en salle après m’être préparée. Le jeune-homme posté à l’accueil de l’hôtel m’observa longuement et c’est alors que je me rendis compte qu’il y a quelques années j’avais été à l’école avec lui. L’une des raisons pour lesquelles je détestais cette ville est que tout le monde se connaissait. D’humeur maussade je ne pris même pas la peine de lui sourire. Surement se demandait-il ce qu’une riche héritière pouvait bien faire ici. J’aurais bien choisi un hôtel plus luxueux mon grand mais ici ça n’existe pas. Sunnyside ne regorgeait que de miteux et minuscules hôtels. Je priai de tout mon être pour ne pas avoir à passer une deuxième nuit ici avant de me diriger vers le restaurant.

Une fois repue je sortis enfin prendre l’air. Je comptais bien me rendre chez Tim mais voulais en même temps profiter du soleil sur ma peau. Cette chaleur du Sud était bien l’une des rares choses de Sunnyside qui m’avait manqué. C’est ainsi que je me laissais guider au gré de la brise fraîche qui se levait. J’avais toujours été intuitive et me laissais souvent entraîner au gré de mes envies. Mes pas m’amenèrent dans le parc eaglewood. J’y observais les enfants chahuter et se courser tout en continuant mon chemin. Petite nous venions souvent ici Tim, ses amis et moi. J’avais dû au moins grimper dans la moitié des arbres de cet endroit. Ma mère venait nous y chercher à dix-huit heures précises pour rentrer à la maison. Si nous ne la suivions pas elle nous menaçait alors de nous punir. Seulement elle n’eut jamais recours à cette méthode.
Alors que je m’approchais du skate park j’eus également l’impression de retomber en enfance. Mais cette fois-ci les souvenirs n’étaient pas douloureux. Je me rappelais seulement combien Tim aimait être ici. Et l’espace d’un instant je crus le voir se percher sur l’une des barrières encerclant le lieu en riant de sa voix si claire. Il me fallut quelques secondes pour comprendre qu’il était vraiment là sous mes yeux et mon cœur battit alors plus fort. Je ne pris même pas le temps de vérifier qu’il était seul que je courrais déjà en sa direction. Mes ballerines plus légères que le vent me guidèrent derrière lui alors qu’il était toujours perché et mes bras entourèrent son torse. Je criais alors :

« - Devines qui s’est ! »

Je n’avais plus qu’une hâte, le voir se retourner et pouvoir observer son sourire lumineux. Ce sourire qui me faisait toujours chavirer et oublier ce qu’il se passait autour de moi.



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La journée promettait d'être magnifique, et cela me mit d'excellente humeur dés le réveil. Il fallait bien avouer qu'il était vraiment agréable de se faire réveiller par les rayons joueurs d'un soleil radieux et un ciel bleu sans nuage à l'horizon. Le beau temps quasi constant était une des nombreuses raisons pour lesquelles j'adorais ma petite ville de naissance. Une fois levé et préparé, je me fis un bon ptit-dej. Rien de tel que pour bien commencer sa journée que des oeufs brouillés et un grand jus de fruit. Autant la plupart des gens tendaient à sauter de plus en plus le déjeuné au fur et à mesure qu'ils grandissaient, autant moi je ne pouvais pas émerger sans un solide premier repas. Une fois celui-ci engloutit, j'attrapai ma planche de skate et je sortis rapidement de l'appartement. Pas un poil de vent ne venait troubler la petite ville de Sunnyside; la journée était parfaite. Étrangement guilleret, je décidai de faire un léger détour par la maison de mes parents avant de me rendre à ma destination. Une fois pénétré la maison de mon enfance, une foule de souvenirs heureux me revinrent en tête. La chose qui me marqua le plus, comme d'habitude, fut le fait que tous mes souvenirs avaient un point commun crucial: Jackie, ma jumelle. Un léger pincement au coeur se fit ressentir lorsque j'évoquai le nom de ma soeur à mon esprit. Sa dernière visite ici était encore gravée dans ma mémoire. Et si je le regrettais ardemment, une part de moi ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était normal, dans logique des choses. Secouant doucement de la tête, j'essayai de revenir à la réalité et de faire comme d'habitude: tenter de ne pas penser à elle. La connaissant, elle ne devait pas tant s'en faire et profiter de la vie quelque part près des Caraïbes. Cette enfant, je vous jure...

Constatant que la maison était vide, je griffonnai rapidement un mot pour prévenir mes parents que j'étais passé et attendais de leurs nouvelles. Sortant, ensuite, par l'arrière, je pris la direction du parc. Le chemin si familié que j'avais emprunté toute ma jeunesse me plongea dans une douce nostalgie. Que m'arrivait-il donc aujourd'hui? J'étais définitivement bizarre... Une fois arrivé à destination, je ne pris même pas la peine d'admirer les magnifiques pelouses et parterres de notre petit parc, mais me rendis directement au skateparc. Sans plus attendre, je me mis à enchaîner des figures toutes plus difficiles les unes que les autres. J'adorais le skate, je trouvais cela relaxant, paradoxalement. Repoussant de plus en plus loin mes limites, je m'amusais à tenter des styles nouveau et dangereux. C'était tout moi, ne pas pouvoir faire quelque chose sans verser dans l'extrême. Au bout de deux heures de sport intensif-car, oui c'était contraignant le skate-, je me posai sur la barrière du parc, heureux. Un sourire réjouit de gamin flottait sur mes lèvres, tandis que j'observais les autres skateurs; m'inspirant d'eux pour trouver de nouvelles figures à accomplir. Ce fut alors que je sentis deux bras graciles m'entourer. Deux bras connus. Et ce fut comme si le monde tournait à nouveau sur son axe. « Devines qui c’est ! » Hilare et heureux, je me retournai pour faire face à nulle autre que ma moitié, ma jumelle; Jackie. La soulevant sans difficultés, aucunes, je la fis virvoleter pour ensuite la serrer fort contre mon coeur. Que c'était bon. « Tu m'as manqué petite tête, t'imagines même pas... » Ma réplique n'avait été qu'un simple chuchotement contre son oreille, car bizarrement je ne voulais que personne d'autre ne m'entende. Après tout, ce moment ne nous appartenait qu'à nous et personne d'autre n'avait rien à y voir. L'écartant à nouveau de moi, je me mis à l'observer de haut en bas et puis de bas en haut. « Tu vas bientôt avoisinner le poids d'un moineau si tu continues. Bon sang, Jackie: nourris toi mieux! » Lui lançant un regard de légère reproche, je ne pus retenir un sourire. Elle savait aussi bien que moi que j'allais la goinfrer de bonnes choses. Cela ne m'aurait donc même pas étonné qu'elle ait fait régime avant de venir. Pour ne pas déroger à la règle, je m'apprêtai à l'inviter boire un verre quand je me ravisai soudain. « Tu es là depuis quand? Tu restes un peu au moins? » J'attendais sa réponse, anxieux, tandis que la proximité que j'avais instaurée entre nous me rendait mal à l'aise, au final... Les souvenirs de notre dernière nuit ensemble m'étant revenu tout d'un coup en plein visage...

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Les enfants autour de nous criaient mais je ne les entendais pas. Le temps s'arrêta a l'instant où Tim se retourna. Son sourire radieux me fit totalement perdre mes moyens et je ne pus dire un mot alors qu'il me serrait fort contre lui. Sa voix à mon oreille me donna l'impression d'un doux songe et je me laissais aller contre lui. J'eus alors comme l'impression de combler un trou dans mon coeur, il m'avait tellement manqué. Je réalisais aussi à quel point j'avais besoin de lui. Mes préoccupations de la matinée me parurent si futiles tout à coup. Le revoir ne serait-ce qu'une heure valait la peine de prendre un avion au trajet plus long que jamais.
Doucement nous nous écartâmes l'un de l'autre et je pus enfin l'observer à mon aise. Il fit de même pour moi et ne put s'empêcher de me lancer une réplique cinglante concernant mon poid. Il n'était pourtant pas sans savoir que je n'avais jamais pris un gramme malgré la quantité de pancakes qu'il s'amusait à me préparer tous les matins lorsque j'étais à Sunnyside. Je ne pus retenir un sourire. Sa bonne humeur était contagieuse. " - Que veux-tu je reste fidèle à moi-même mais ne t'en fais pas je ne compte pas m'évanouir maintenant. Avant je vais un peu profiter de mon séjour ici. " Je posais à nouveau mes yeux sur lui et ne pus m'empêcher à mon tour de faire un commentaire: " - Une chose est sûre en tout cas c'est que toi tu n'as pas changé. " le taquinais-je.

" - Tu es là depuis quand? Tu restes un peu au moins?
- Je suis arrivée hier soir, je t'aurais bien prévenu mais il était tard alors je me suis retenue. Et puis du coup j'en ai profité pour te faire une surprise. Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester exactement mais tu as bien l'air inquiet, je ne vais pas non plus m'envoler cette nuit."

J'aurais voulu lui parler de la véritable raison de mon retour mais je n'osais pas. Depuis quelques semaines en effet j'avais pour projet de me lancer dans la chanson seulement je ne savais pas comment m'y prendre. Faire des petites scènes certainement mais j'aurais aimé profiter de la notoriété de la famille pour sortir un album. L'ennui c'est que seule je ne m'en croyais pas capable. Le plus simple serait de demander de l'aide à notre père seulement je ne me sentais pas vraiment prête à me réconcilier avec lui et je souhaitais également lui prouver que je pouvais me débrouiller. Comment cependant, je n'en n'avais aucune idée. Je décidais de reporter cette discussion à plus tard, pour l'instant nous avions simplement besoin de nous retrouver.
" - Et si nous marchions un peu" proposais-je. Je ne tenais plus en place d'excitation. Nous entreprimes donc de faire le tour du parc. Pour cela je glissais mon bras sous le sien. En même temps je lui parlais de mes dernières escales pour faire la conversation. Tim aimait que je lui raconte comment étaient les pays et les lieux que je visitais et je me faisais toujours un plaisir de le satisfaire. " - Oh Tim j'aurais aimé que tu sois là quand je suis allée au Canada il y a quelques semaines. Les gens là-bas sont si gentils et serviables. Je me suis amusée comme une petite folle. Ils ont le sens de l'humour tu aurais adoré les jeunes canadiens." A l'aise je continuais mes récits. L'un de mes défauts était que j'étais trop bavarde et enthousiaste je ne savais jamais m'arrêter mais alors que nous continuions à nous promener je sentais que non seulement j'accaparais la conversation mais surtout que mon jumeau se crispait comme mal à l'aise. Il semblait être ailleurs. Ce n'était pas flagrant mais je connaissais mon frère mieux que quiconque. Je ralentis le pas et me retournais vers lui, inquiète :
" - Quelque chose ne va pas? Tu as l'air bizarre. "


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« Une chose est sûre en tout cas c'est que toi tu n'as pas changé. » Sa remarque me fit sourire, car je la savais m'avoir examiné sous toutes mes coutures avant de me lancer ce commentaire. « Venant de toi, chérie, je prends ça comme un compliment. » Mon air vantard n'échapperait surement pas à ma chère soeur. Mais qu'y pouvais-je? Je la faisais rire, or c'était tout ce qui m'importait. Son rire était tellement clair et vrai en ma présence en même temps. Alors que je me faisais la réflexion que la voir joyeuse me rendait moi-même euphorique, elle me rassura sur son intention de ne pas disparaitre dans l'immédiat. Soupirant de soulagement, je me contentai de lui lancer un sourire joyeux, tandis qu'elle me proposait de faire quelques pas dans le parc. « Pourquoi pas? Tu pourras me parler de ce que tu as fait de tout ce temps loin de moi jolie fleur. » Les surnoms que je lui donnais pouvaient sembler niais parfois, mais je m'en fichais un peu. Il en allait comme ça depuis notre enfance, et je n'allais pas changer nos habitudes à cause de ce que les autres pouvaient penser. Et alors que nous commençâmes à marcher à travers le parc, Jackie glissa son minuscule bras dans le mien et entreprit de m'expliquer tout ce qu'elle avait fait ces derniers mois, à courir aux quatre coins du globe. Parfois, je me demandais ce qu'elle cherchait à trouver en voyageant partout comme une enragée. Contrairement à moi, cette petite avait toujours eu la bougeote; et avait donc mal vécu l'isolement que nos parents nous avaient fait subir durant notre enfance et notre adolescence... On aurait dit un petit oiseau en cage qui n'aspirait qu'à rejoindre les autres... Pourtant, de mon côté, je n'avais jamais considéré Sunnyside comme une prison dorée, mais comme ce qui nous protégeait de la cruauté du monde extérieur. Notre refuge, en quelque sorte.

Jackie continuait à me raconter toutes sortes d'aventure lui étant arrivées et quelque chose à propos de canadiens... Mais je ne l'écoutais que d'une oreille distraite. Le malaise que j'avais ressenti plus tôt à son contacte était, en effet, revenu brusquement lorsqu'elle avait pris mon bras. Des flashs de notre dernière nuit ensemble me revenaient en tête, alors que je me demandais pour la énième fois comment on avait pu en arriver là. Comme à notre habitude, nous nous étions couchés pour dormir dans le même lit. C'était ma jumelle, donc il était tout à fait naturel de dormir avec elle à mes yeux. Mais j'aurais du quand même le voir venir. Cela faisait quelque temps que Jackie essayait de m'avoir, comme si elle avait été prise d'une obsession malsaine. Seulement, jusqu'à cette fameuse fois, je la repoussais avant que nous ne commettions l'irréparable. Oh bien sur, nous flirtions sans cesse, nous câlinant et nous embrassant constamment. Certains de nos amis jugeaient cela comme malsain, mais de mon côté je m'en fichai; puisque j'étais persuadé qu'il n'y avait pas matière à ambiguité. Malheureusement, cette fois là j'avais mal estimé mes résistances. Bourré comme je l'étais, je n'avais aucunement résisté aux avances de ma soeur. Pire! La chose m'avait parue couler de source. Comme si c'était normal et tout à fait logique de coucher avec sa jumelle. Et voilà que le lendemain elle était partie, me laissant seul avec mes doutes et mes remords... Depuis lors, malgré mes efforts, je n'avais cessé d'y penser... J'étais persuadé de l'avoir blessée cette nuit là; sinon, comment expliquer son silence radio ces derniers mois? Tout à mes réflexions, je n'avais pas de suite noté que le flux incessant de paroles de ma chère soeur s'était interrompu. « Quelque chose ne va pas? Tu as l'air bizarre. » Me tirant de ma rêverie, sa question me prit de court. Quel con! A me montrer préoccuper, Jackie avait finit par me capter. Mal à l'aise, je ne su quoi répondre. « Heu, non... Non, non! J'étais juste quelque peu perdu dans mes pensées, excuse moi Jackie. » Mon ton n'était pas assuré, et je pouvais voir au regard dubitatif de ma soeur qu'elle ne mordait pas à l’hameçon. Soupirant, je me plaçai devant elle et lui caressai doucement le visage avant de prendre la parole. « Jackie, tu es partie sans un mot, sans rien dire la dernière fois- comme une voleuse... Je sais qu'on aurait pas du faire ce qu'on a fait, mais tu m'as fait une de ces peur. J'ai eu la trouille que ma soeurette m'en veuille à vie. Or tu es la personne la plus importante, tu le comprends Jackie? Je suis désolé... » Je soupirai une nouvelle fois, j'aurais voulu que nos retrouvailles se passent autrement...

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A ma question, je sentis Tim se tendre soudainement. Il l'avait certes fait inconsciemment mais savait certainement que j'avais remarqué son changement de comportement depuis une dizaine de minutes. Quelques instants auparavant il m'appelait encore jolie fleur en m'enlançant puis il s'était tout à coup raidit à mon contact et ne semblait plus réagir à ce que je lui disais. Il mit un certain temps avant de me répondre gêné. " Heu, non... Non, non! J'étais juste quelque peu perdu dans mes pensées, excuse moi Jackie. ". Il croyait vraiment que j'allais le croire, lui qui me connaissait si bien? Je fronçais les sourcils pour lui signifier mon agacement. Mais qu'avait t'il donc à la fin?!
Brusquement, l'on s'arrêta au beau milieu d'une allée du parc et mon jumeau me caressa la joue d'un air tendre. Tandis que je le fixai, lui fuiyais plutôt mon regard. C'est alors que je compris avant même qu'il ne parle. Quelle idiote j'aurais du comprendre tout de suite. Il regrettait ce qui était arrivé lors de la dernière nuit que nous avions passé ensemble. Je retins mon souffle tout le long de sa tirade. Elle me parut durer une éternité. Jamais je n'aurais imaginé que cette histoire l'avait à ce point affecté. Le voir souffrir me fit un pincement au coeur. " - C'est moi qui suis désolée. Je me rends compte que je n'aurais jamais du autant insister durant ces derniers mois." Il était persuadé de m'avoir blessé, que je lui en voulais pour quelque chose mais il se trompait. C'était même plutôt l'inverse qui s'était apparemment produit, il semblait beaucoup plus touché que moi. Il était vrai que j'avais donné peu de nouvelles à Tim les premiers temps où je m'étais enfui. En réalité je me sentais coupable. Coupable du désir que j'avais ressenti. Le lendemain de cette nuit-là je m'étais lachement éclipsé sans un regard dans le miroir. Seulement j'avais réalisé par la suite à quel point j'aimais mon frère et mes remords s'étaient alors envolé. Pour moi nous étions comme un simple couple. Il était normal que nous ayons envie d'exprimer notre amour physiquement. Je me souvenais d'ailleurs que malgré l'ivresse de mon jumeau ce soir-là, il s'était montré particulièrement doux.

Ce fut à mon tour de me rapprocher de tim, je le pris par la taille avant de m'exprimer. " Tu ne comprends pas, je n'ai jamais regretté ce qui s'est passé cette nuit-là. C'est vrai que je me suis enfuie sans un mot le lendemain, je me sentais honteuse. Mais... c'était si bon. J'ai fini par comprendre que ça devait arriver. Car non seulement pour moi aussi tu es la personne la plus importante au monde mais surtout, je t'aime Tim." Ma voix se fit plus tremblante au fil des mots et ce n'est que lorsque je sentis un gout salé sur mes lèvres que je compris que je pleurais. " Et je suis tellement triste de voir comment cette histoire t'as blessé." Je me tus et je ne sus pas s'il fallait que je parte ou non. J'avais soudain peur que plus rien ne soit comme avant à présent. J'avais conscience que franchir ce pas changerait notre relation mais je refusais d'admettre l'idée que la gêne serait maintenant notre quotidien, que Tim serait distant envers moi jusqu'à la fin de nos jours. J'eus alors besoin de vérifier son amour pour moi et comme une pulsion je collais mes lèvres siennes de la manière la plus tendre qu'il soit. Et ce fut comme si le temps s'arrêtait.

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C'était comme si le temps s'était arrêté autour de nous. Comme si plus rien d'autre ne comptait que ma sœur et moi-même. Rien d'autre n'existait que ces larmes, roulant le long de ses douces joues. Je n'aspirais qu'à une chose : les recueillir, comme autant de pierres précieuses. J'en étais presque jaloux de ces perles salées qui avaient le droit de caresser sa peau sans remords, aucuns. Oui, parfaitement : j'étais pathétique.  « Tu ne comprends pas, je n'ai jamais regretté ce qui s'est passé cette nuit-là. C'est vrai que je me suis enfuie sans un mot le lendemain, je me sentais honteuse. Mais... c'était si bon. J'ai fini par comprendre que ça devait arriver. Car non seulement pour moi aussi tu es la personne la plus importante au monde mais surtout, je t'aime Tim. » N'écoutant même plus, je restais bloqué sur la dernière partie de la phrase de Kat. Comment ça elle ne regrettait pas ? Moi qui croyais... Non, c'était impossible. Je savais qu'elle avait toujours été prise d'une sorte d'admiration obsessionnelle pour moi. Mais à ce point... Soudain, ce que avant je prenais pour un simple accident de parcourt, revêtait une toute autre signification. Toutes ces petites choses, les petits signes du quotidien auxquels je n'avais pas prêté attention... Enfin, plutôt : auxquels je n'avais pas voulu prêter attention. Tout ceci me sautait à présent aux yeux. Me traitant presque d'imbécile, j’eus une première réaction de recul. Recul que je n'eus pas le loisir de prendre puisque ma sœur se collait déjà à nouveau à moi. Ses lèvres contre les miennes. Provoquant le long de mon être un frisson que je n'aurais pas dû ressentir. C'était mal, je le savais pertinemment. Pourtant... Je ne la repoussais pas pour autant, savourant la chaleur de son corps- dont je connaissais chaque courbe par cœur- contre le mien. Bien au contraire, doucement- presque malgré moi, mes bras se refermèrent autour de ses frêles épaules. Comme pour l'empêcher de se détacher à nouveau de moi, comme pour figer le temps et oublier. M'oublier. Ne pas penser à tous les doutes qui viendraient, immanquablement. Implacables. Car oui, le moment où il faudrait lâcher prise, se séparer, allait tout gâcher. Dés la première seconde du retour à la réalité. Mais je ne voulais pas. Aussi, je m'accrochais. Comme un rescapé à sa planche de salut. A un moment de transition. Court. Trop court... Déjà je me détachais d'elle. Ma partie rationnelle reprenant le dessus sur l'irrationnelle. Sur la partie de moi, folle, destructrice. Celle que j'avais pris soin d'enfermer depuis... depuis l'accident de Roseann. Rose... La simple évocation de ce nom fit remonter en moi un arrière gout de culpabilité et d'amertume. Regrets.

Me demandant comment réparer la bourde que je venais de commettre, je me forçais à regarder ma cadette dans les yeux. Ses prunelles, parfait miroirs des miens, reflétaient une douleur insoutenable qui me vrilla de part en part. Réveillant encore plus ma culpabilité, faisant écho à ma propre peine, mes propres doutes. Ainsi, un soupire s'échappa de mes lèvres. Je ne savais quoi dire ou par quoi commencer.  « Moi aussi je t'aime Kath... Seulement, pas de la manière dont tu le voudrais... » Mensonge. Éhonté. Bien sur que ce que je ressentais pour elle allait bien au delà du simple amour fraternel. Elle était mon tout. Une des deux femmes de ma vie. Et parfois, je me surprenais à me demander pourquoi le destin se bornait à les éloigner de moi. Une de par le mal que je lui avais fait, et l'autre pour notre lien de sang. Pour le mal que j'allais lui faire si je continuais dans son sens. Ma petite sœur qui voulait se donner airs de grandes Soudain attendrit par ce bout de femme si contradictoire qui me faisait face, je lui caressai doucement les cheveux et lui déposai un baisé sur le bout du nez. Si forte, indépendante et pourtant fragile et innocente à la fois.  « C'est normal d'idéaliser son frère ma chérie. Mais c'est mal, et tu le sais... » Un sourire protecteur sur le bout des lèvres, je tentai de cacher mon propre trouble derrière des paroles réconfortantes. Des paroles à même de la ramener à la raison, avant que nous poussions plus loin dans notre folie et n'atteignions le point de non retour. Oui je l'aimais ma sœur... Pas de manière tout à fait conventionnelle, j'avouais. Mais je savais qu'il ne fallait pas. Pour mon bien, celui de rose Et puis surtout pour son bien à elle, ma protégée, ma meilleure amie, ma cadette.