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« - et tu fais quoi là ?... ». Une, deux, trois secondes de silence. « - Rien… j’suis dans la cuisine, j’vais me faire un ptit dej’. ». Ouais, ma vie est super intéressante, mais ce n’est pas de ma faute aussi si on n’a rien à se dire ! Avalon et moi, on est comme des sœurs, on se connaît depuis toujours. Du coup, on est toujours fourré l’une avec l’autre et bien évidemment, quand on est au téléphone ensemble – le matin surtout – bah on n’a pas grand chose à se dire… Je crois qu’elle est la seule qui arrive à me faire garder les pieds sur Terre. Ce n’est pas forcément facile avec une mère comme la mienne. Tiens, en parlant du loup, je vois sa tête de fouine dépasser de la porte de la cuisine. Elle se croit discrète en plus. « - Attends, y a ma mère qui essaye de se faire discrète derrière la porte, j’te rappelle plus tard ! ». Je raccroche et balance mon iphone sur le plan de travail. « - C’est bon m’man ! Je t’ai vu ! ». Elle se met à rire comme une bécasse et ouvre un peu la porte pour entrer dans la cuisine. Elle a les cheveux décoiffés, le peignoir ouvert, le sourire jusqu’aux oreilles. Le mec qui a partagé son lit cette nuit est définitivement un bon coup… Bon, c’est évident lorsque remarque les cernes qui se dessinent sous mes yeux, à cause du manque évident de sommeil, mais il arrive parfois que les cris de ma mère n’ont pour but que de flatter l’égo de son compagnon de chambre. Hier, ça ne semblait pas être le cas… « - Bébééé ! ». Okay, quand elle prend cette voix niaise, ce n’est jamais bon signe ! Ma mère est une grosse gamine, des fois, je me demande si je ne suis pas plus mature qu’elle ! Enfin, ça va que c’est elle qui ramène les tunes à la maison ! Et attention, ma mère n’est pas n’importe qui ! Ouais, elle travaille dans le secteur immobilier, au sein d’une très prestigieuse entreprise que mo grand-père a fondé, il y a de nombreuses années. Du coup, on a vraiment beaucoup d’argent et on vit dans une énorme maison… En plein milieu de l’Alabama. Sérieusement, c’est le seul truc que je ne comprends pas chez ma mère. On pourrait se dorer la pilule sur la côté Ouest, avoir la belle vie, mais non, il a fallu que ma mère tombe amoureuse des vaches et des moutons et qu’on se retrouve dans ce trou paumé… Enfin, faut pas croire, ma mère est une parfaite citadine. Elle me donne comme excuse qu’elle aime Sunnyside, mais je sais que ceux sont des conneries. C’est juste que papy – le directement de l’entreprise dans laquelle ma mère travaille – ne voulait d’elle qu’ici… « - Quoi ? ». Ouais, je ne suis pas du matin et en plus, je sais ce qu’elle va me demander ! Elle va vouloir me présenter son nouveau plan cul ! C’est comme ça depuis que je suis gosse. Ma mère est une belle femme, il faut bien l’avouer et ça fait pas mal de temps que mon père s’est cassé, du coup, elle profite de la vie, mais… elle tombe amoureuse à chaque fois… et à chaque fois, elle finit en pleures sur le canapé… L’amour, c’est de la merde. Je la vois alors sautiller sur place, tapant frénétiquement dans ses petites mains et elle finit par ouvrir la porte un peu plus. « Je te présente Mark, mon nouveau petit-ami ! ». Oh putain… Si d’ordinaire ma mère est plus du genre à se taper des mecs plus jeune qu’elle… là… ce n’est pas… DU TOUT, le cas. Ouais, ce mec doit bien avoir dix ans de plus qu’elle !!! Voir quinze ans !!!! Il a les cheveux grisonnant et des rides sur le visage… Mon Dieu, qu’est-il arrivé à ma très chère maman ???? « - Enchanté Cory ! Ta maman m’a énormément parlé de toi ! ». Okay… ça aussi c’est très bizarre ! Il se passe quoi là ? Je rêve, c’est ça ?!? Je suis perdue au sein d’une réalité parallèle bien différente de la mienne ? Bi-za-rre. « - Euh… je euh… j’dois allée en cours ! ». Je sors de la cuisine en quatrième vitesse, attrape mon sac de cours et me précipite sur la porte d’entrée. « BYE ! ». Oui, fuir, c’est la meilleure chose à faire, pour l’instant !!


« - Ah bébé !!! T’es enfin là !!! ». Mon Dieu… non pas que je n’ai pas l’habitude d’entendre ma mère gueulé à travers la maison, mais c’est juste que… ses copines sont là… enfin je veux dire TOUTES ses copines. Je le sais puisque de nombreux sacs à main jonchent le sol de l’entrée. Elles me font pensées à une bande d’adolescentes. Elles sont plutôt sympathiques, bien que légèrement insupportables avec leurs rires de bécasses. Enfin bon, ce ne sont pas MES amies. « - T’es où ? ». Ouais, c’est tellement grand chez nous que je ne parviens pas à déceler où elle peut bien être. Il faut dire que si les gouts de ma mère son à redire sur énormément de point, niveau design et décoration, elle est vraiment parfaite. Notre maison est vraiment très belle, il n’y a rien à redire là-dessus. « - Au salon ! Dépêche-toi ! ». Okay, elle est excitée comme une puce, c’est percevable dans sa voix… de mieux en mieux… Avec un peu de chance, elle a une coupe de champagne à la main… Je vous jure, ma mère bourrée c’est vraiment un truc à voir au moins une fois dans sa vie. Elle se met à gueuler, à chanter, un jour, elle s’est même déshabillée et à danser la macarena sur la table de la cuisine. Bref. A peine ai-je mis un pied dans le salon qu’au moins quatorze paires d’yeux me scrutent. Ouais, les copines de ma maman aiment bien me regarder minutieusement. C’est un peu… gênant… mais bon, si ça leur fait plaisir. « - J’ai une grande nouvelle bébé ! ». Je reste stoïque. On n’a pas vraiment la même notion de la « bonne nouvelle », du coup, je ne serais satisfaite que lorsque je serais certaine qu’elle n’a pas fait de conneries. J’entends ses copines chuchoter et tout le monde retient son souffle, même moi. « - JE VAIS ME MARIER !!! ». Et là, tout le monde se met à s’exclamer haut et fort, à rire, à pleurer de joie, à boire… moi, je n’ai toujours pas bougé. C’est une blague, c’est cela ? Une putain de blague à la con pas drôle du tout ? Mais non. Il suffit d’observer ma mère, lovée dans les bras de ses très chères amies, pour comprendre qu’elle est belle et bien fiancée… et aux anges de l’être. Oh putain. « - mais… mais… mais… ». J’en perds mes mots. Bien que ma mère est du genre à ramener un mec différent à la maison toutes les semaines, jamais, ô grand jamais, elle n’a eu l’idée de se fiancer… « - Ouiiii je sais ! Moi aussi j’étais sans voix lorsque Mark m’a fait sa demande, mais… j’suis tellement heureuse, si tu savais !!! ». Et Paf, elle m’étouffe avec ses bras boudinés. Je n’en reviens pas… Ouais, c’est une blague ! Ce n’est pas possible…

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« - Et donc, tu n’es jamais allée en Angleterre ?… ». Oh. Putain. Ouais, ma mère s’est marié avec Mark. La cérémonie était plutôt cool et il faut dire que j’étais carrément canon dans ma robe de demoiselle d’honneur… Mais ce que ma mère avait oublié de mentionner, c’est que… Mark a un fils. Oui oui, vous avez bien lu. Un fils ! « Il a le même âge que toi, tu t’entendras bien avec lui », qu’elle m’a sorti. Foutaise. Bon, certes, il a l’air plutôt sympa, mais moi, je n’avais vraiment pas envie de le connaitre. Pourquoi ? Parce que cet inconnu débarquait de son Londres adoré et s’accaparait ma maison. Putain ! Et voila une demi-heure qu’il tentait de faire la conversation avec moi. « - Non, j’aime pas la pluie. ». Il a souri. Bon, j’avoue qu’il était vraiment super craquant, mais son charme n’enlevait rien au fait que sa présence, ainsi que celle de son paternel, dans ma vie me faisait royalement chié. «- Tu sais… il ne pleut pas toujours… ». Ouais, ça c’est parce qu’il est tellement habitué au temps pourri qu’il ne s’en rend même plus compte. Sunnyside pour lui, ça doit être l’Afrique du sud… Je soupirais, histoire de lui faire comprendre que ce sujet de discussion me pompait l’air. « - Ecoute Eddie, - Elliott, », me coupa-t-il avec le sourire. Je secouais la tête et reprenais. « - Peu importe. T’as l’air bien sympa et tout, mais c’est pas parce que ton père a foutu la bague au doigt de ma mère, qu’on est obligé de parler et de faire comme si on était les meilleurs potes du monde… ». Quand j’y repense, j’ai un peu honte de mon comportement, mais… ce mec était si serein, si gentil et tout ça que j’avais la certitude que ça cachait quelque chose. « - Comme tu veux… »…


« - Oh regarde ! On dirait un asticot qui a avalé un éléphant… ». J’étais allongée dans l’herbe avec Avalon et comme d’habitude, on matait les nuages… Ouais, notre vie et du genre supra passionnante. Enfin bref, on avait surtout bouffé comme des porcs et on tentait de digérer, ce qui était un peu compliqué. Et puis, je savais que Ava ne voulait pas parler de ses problèmes - bien trop nombreux pour une fille aussi géniale qu’elle, à mon gout - et moi, j’avais l’esprit un peu ailleurs… du coup, faire une thèse sur la forme des nuages, ça m’allait bien. « - On dirait une bite. ». Elle s’étouffa avec sa salive et se mit à rire comme une bécasse. Moi, j’étais restée stoïque à observer ce nuage en forme de pénis. « - D’où ça ressemble à un pénis ? ». Elle s’était un peu relevée pour pouvoir m’avoir dans son champ de vision. Ses grands yeux vert-marrons me scrutaient avec attention et amusement. Je tendais alors mon bras vers le ciel, tentant d’expliquer ma vision des choses. « - Bah là tu vois c’est le gla/ - Okay c’est bon, j’veux pas savoir ! ». Mais quelle petite prude… Mais je l’aime ma meilleure amie ! Ouais, j’avais beau être assez populaire au lycée, je savais qu’il n’y avait qu’une seule et unique personne sur qui je pouvais compter. « - Ça ressemble pas du tout à un pénis de toute façon ! Je dirais plus… une girafe à trois pattes qui a bu du Coc/ - j’ai embrassé Elliott. ». C’était à mon tour de la couper. Ça me démangeait depuis de longues minutes. Depuis qu’elle m’avait appelé pour qu’on passe l’après-midi ensemble, en fait. Je m’étais retenue jusqu’ici, mais elle était ma meilleure amie, j’étais obligée de lui dire… Elle savait à quel point mon demi-frère m’insupportait avec ses manières de… d’anglais et elle savait à quel point l’idée de l’embrasser me réfutait… du moins, jusqu’au moment où ça s’était réellement passé. « - Pa… pardon ?!? ». Elle était choquée et cette fois-ci, elle s’était totalement relevée, me scrutant d’un regard inquisiteur que je n’aimais pas vraiment. Je soupirais et me relevais à mon tour, me retrouvant en position assise face à ma meilleure amie. Je me mordillais frénétiquement la lèvre inférieure, signe que j’étais nerveuse. « - Bah je sais pas… il était tard… il sortait de la douche et… je sais vraiment pas ce qu’il m’est arrivé… je… je l’ai embrassé comme une sauvage ! J’ai genre, enfoncé ma langue dans sa bouche, il n’a rien vu venir le pauvre. ». Elle fit une mine dégoutée et reprit aussitôt. « - Je me passerai des détails, merci… Mais comment ça se fait ? Tu le déteste ce mec ! ». Ouais, elle n’avait pas tord. Je haussais les épaules. « - Je sais pas… depuis je me sens toute… bizarre quand il est dans la même pièce que moi… je sais vraiment pas ce qu’il m’arrive ! ». Elle me fixait, sans rien laisser paraitre. C’était pas bon signe. « - Et lui, il a réagi comment ? ». Haha, la question qui fâche ! Ma mine se fit plus renfrognée. Mon ego en avait pris un sacré coup, je dois bien l’avouer. « - Bah… il n’a rien fait. Quand je me suis rendue compte de ce que j’étais en train de faire, j’ai lâché prise et j’me suis enfermée dans ma chambre… depuis il fait comme s’il ne s’était rien passé… ». Était-ce une bonne chose ? Certainement pas ! Mais je n’allais surement pas faire le premier pas… enfin, le second. « - Tu… tu l’aimes ? ». Je me mis à pouffer de rire sans vraiment faire attention à l’interrogation de Ava. « - N’importe quoi ! ». Elle m’observait, soucieuse. Elle n’était pas dupe… moi non plus d’ailleurs. Je soupirais alors et ouvrait la bouche. « - C’est le bordel Ava, c’est le bordel ! ».