Qu'on soit riche ou pauvre, il y a une chose que nous avons tous en commun : notre naissance. Cela ne dure que quelques instants car la suite varie beaucoup. Certains retrouvent une mère en pleurs, d'autres sont abandonnés. J'ai eu de la chance, retrouvant une mère et un père fous de joie tout les deux. Mon père avait déjà assisté à une grossesse et une naissance, puisqu'il avait connu une autre femme avant ma mère et avait eu un fils avec elle. Rares étaient les moments où il venait à la maison. Il vivait loin de chez nous. Jamais je n'ai osé parler à mon père de tout ça, de pourquoi il ne voulait pas venir à la maison plus souvent qu'un mois par an puis plus du tout. Je ne sais presque rien de cette histoire et je crois que cela ne me regarde pas réellement. Je n'ai jamais eu d'autres frère ou sœur. En fait, c'est un peu comme si j'avais été fille unique. Mon père était un bourreau de travail, même si il était le père le plus aimant possible. Ma mère, elle, ne travaillait pas mais semblait trop occupée pour prendre soin de moi. Aussi, j'étais gardée par deux nourrices différentes, pour que je ne sois jamais seule. J'ai toujours vécu dans cette situation et ne m'en suis jamais plainte. Je savais parfaitement que mes parents ne pouvaient être là, j'avais fait des crises à de nombreuses reprises et mon père avait un jour dû m'expliquer qu'il ne pouvait en être autrement. Je n'avais pas besoin de millions d'amis pour jouer, j'étais bien toute seule. Arrivée à l'école, cette situation dérangea. Aussi ma maîtresse de l'époque convoqua mes parents pour leur en parler. Ces derniers ne trouvèrent d'autre solution que celle de m'envoyer voir un psychologue. Rien ne changea. J'étais devenue une personne timide et le serait sans doute toujours. J'ai grandi avec cette timidité, mais en grandissant je me suis rendue compte qu'il s'agissait de mon passage noir. Celui que nous avons tous à côté de nous, pour certains il s'agit d'un vice, pour d'autre d'un défaut. J'ai essayé de m'en débarrasser à plusieurs reprises mais en vain. Tout mes échecs se soldaient de la même façon. J'ai fini par me dire que c'était en fait mieux que je sois fille unique, ainsi je n'avais pas de soucis avec mes frères ou sœurs.


  À l'âge de seize ans, j'avais toujours une nourrice. Mes parents semblaient ne pas réaliser que j'étais une jeune adolescente que j'étais assez grande pour ne plus être gardée. Eryn s'en rendait bien compte et elle n'était pas du genre collante, ce qui m'arrangeait. Elle m'accompagnait à mes cours de danse, qui était trop loin pour que j'y aille à pied et mes parents ne pouvaient pas m'y conduire. J'étais quand même contente qu'elle soit là. Les cours de danse me rendaient heureuses aussi, ça me faisait du bien, de voir un peu du monde, autre que ceux du lycée, et j'avais besoin d'une activités physique. Les filles de la danse étaient gentilles, on rigolait bien. J'avais cependant plus d'affinité avec l'une d'entre elles qui se prénommait Sephora. Elle avait deux ans de moins que moi et nous ne fréquentions pas la même école. Au fil des cours nous étions devenues amies et un jour elle m'avait proposé de venir chez elle. J'avais passé un rapide coup de fil à mes parents qui avaient acceptés. J'en étais contente. C'est à ce moment là que j'ai croisé son frère, Evan, J'ai souris comme une idiote en le voyant parce que je l'ai trouvé très beau. Je suis venue de plus en plus souvent chez les Standfields, parlant à son frère parfois, même si j'étais quelque peu impressionnée par lui. J'ai fini par venir très souvent chez eux, soit pour voir Seph, soit pour voir Luka. Un jour, je ne sais pas trop pourquoi, il m'a invité à aller au ciné. J'ai dit oui, c'était avec plaisir. J'avais réellement envie de me retrouver avec lui, sans personne d'autre. Les rendez-vous se sont multipliés et au fur et à mesure nous sommes devenus de bon amis et nous aimions passer du temps seul, sans Sephora ou avec elle d'ailleurs. J'ai toujours adoré passé du temps avec lui, je me sentais bien. Je n'avais pas besoin de faire semblant ou de parler tout le temps, chose que je n'aimais pas faire. Cela faisait presque un an quand toute notre relation à basculer. Je ne pensais pas que ça arriverait.
  Je me souviens de cette journée comme si c'était hier. Il faisait beau et nous avions décidé d'aller faire un tour dans le parc. Je me souviens qu'en passant devant la fontaine, sa main a effleuré la mienne. Je crois que j'ai légèrement rougi à ce moment là, alors j'ai regardé ailleurs pour qu'il ne le voit pas. Nous avons marché encore un petit moment et nous nous sommes assis sur un banc, un peu à l'écart, celui qu'on aimait bien parce que presque personne ne venait. J'ai regardé Evan en souriant et sans que je m'y attende, il s'est approché de moi et m'a embrassé avec douceur. « Evan, je... » Il m'a regardé, comme si il venait de faire une bêtise. Je ne voulais pas qu'il se mette à penser cela, c'était totalement faux. Son baiser venait de me faire battre le cœur plus vite que jamais, j'avais eu des frissons de partout et comme une boule au ventre. Je l'ai regardé et me suis mise dans ses bras, incapable de l'embrasser à cause de ce trop plein d'émotions que je venais de connaître. Je me suis contentée de le serrer pendant un moment avant de le regarder à nouveau puis de murmurer doucement. « Evan... Je crois que je t'aime, je veux dire, je suis amoureuse. De toi. » J'ai souris, toute timide que j'étais et il m'a embrassé de nouveau. C'était la sensation la plus douce que j'ai jamais connu au monde. Sentir ses lèvres contre les miennes me faisait un bien fou et me rendait terriblement heureuse. Il a posé ses mains sur mon dos et j'ai frissonné, tout était parfait. Puis, je ne sais trop comment, j'ai pensé à Sephora. Elle était sa jumelle et une très bonne amie, elle ne voudrait peut-être pas que je sois avec lui, je ne voulais pas la perdre, ni elle ni lui. Alors je l'ai regardé. « Qu'est-ce que va penser Sephora ? Je veux pas qu'elle me déteste ? Je tiens à elle... » « T'inquiète pas Janie, tant que tu ne me fais pas de mal tout se passera bien. L'important c'est qu'on soit heureux, elle sera contente pour nous, j'en suis sûr. Fait moi confiance. » Je me suis mordue la lèvre légèrement en l'entendant et l'ai embrassé doucement. J'étais heureuse d'être avec lui, heureuse d'être plus qu'une amie pour lui parce que même si je n'avais jamais rien dit là dessus, j'en avais terriblement envie.


  J'étais réellement amoureuse d'Evan, même si j'étais jeune. Je me sentais tellement bien avec lui. Il était mon premier vrai petit ami, celui pour qui j'avais des sentiments, sincères. Le jour se sont suivis, mon amour pour lui n'a jamais faibli. J'étais complètement folle de lui. J'étais heureuse et si c'était possible, un peu plus amoureuse à chaque regard. Je n'avais jamais cru à ces histoires d'amour, d'âmes sœurs jusqu'à présent. Pourtant, il n'y avait aucun doute sur le fait que j'étais faite pour vivre avec lui, il était la personne qui devait partager le reste de ma vie, parce que sans lui je me sentais horriblement seule. Si Sephora était heureuse pour nous, il n'en était pas de même pour tout le monde. Mon père ne l'aimait pas, pour d'obscurs raisons. Il ne le trouvait pas assez bien pour moi, pensait-il sincèrement que j'allais épouser l'un de ces hommes que je voyais aux soirées qu'il organisait il avait tort, complètement. Il jugeait Evan sans le connaître et cela me rendait dingue. Je m'étais souvent disputée avec mon père à cause de mon petit ami. Mais qu'importe, Evan était important pour moi et j'ai décidé de le présenter à mes parents. La soirée c'est très mal passée, comme je l'avais prévu mais je n'avais pas besoin de l'avis de mes parents pour aimer quelqu'un, bien au contraire. J'ai fait mes cartons seule après qu'il m'ait demandé d'emménager avec lui. J'étais heureuse avec lui et je ne me lasserais jamais de lui, jamais. J'allais faire ma vie avec lui. J'étais ravie d'habiter avec lui. Je crois que rien ne manquait à notre bonheur, nous étions jeunes et étudiants. Même si nous avions choisi deux domaines différents d'études et que nous nous donnions à fond dans nos études, nous étions le couple heureux et uni qu'on rêve d'être avec la personne qu'on aime.
Un jour, alors que nous étions en train de parler de tout et de rien, il a parlé du nom de son futur fils. « Si j'avais un fils, je l'appellerais Nick. » L'idée d'avoir des enfants m'avaient bien sûr passé par la tête, comme toute jeune femme de mon âge qui a un petit ami avec qui c'est très sérieux. J'avais toujours dit que je voulais avoir des enfants jeunes, je ne voyais pas l'intérêt d'attendre comme l'avait fait mes parents. Cela ne m'avait pas rendu heureuse, au contraire. Qu'il parle de nos futurs enfants ne m'a pas fait peur, au contraire, j'en étais heureuse. Je n'ai pas paniqué, je lui ai simplement demandé pourquoi il lui donnerait ce nom, souriante. Nous voulions tous les deux avoir une famille ensemble, on était prêt. Alors j'ai arrêté la pilule, tout naturellement. Malgré nos efforts, rien n'y faisait, je ne tombais pas enceinte... Au début cela m'importait peu, je savais très bien qu'il ne suffisait pas d'arrêter la pilule pour tomber enceinte au prochain rapport sexuel. Et je voulais faire les choses bien, je ne voulais rien presser. Mais au bout d'un moment, je supportais de moins en moins de voir une réponse négative sur les tests de grossesse. Je n'ai rien dit à celui que j'aimais, lui semblait ne pas s'en faire, j'aurais sans doute dû faire la même chose que lui mais je n'y arrivais pas. Très vite, j'eus un autre sujet de préoccupation à l'esprit. Evan avait reçu une offre pour son boulot. J'étais contente pour lui jusqu'à ce que j’apprenne que c'était un poste d'envoyé spécial. « Je suis contente mon cœur, vraiment. Mais ça veut dire que tu vas voyager tout le temps, tu seras pas souvent là et j'en ai pas envie. J'aime quand tu es là, avec moi... J'ai pas envie d'une relation à distance, pas envie de te téléphoner tous les soirs pendants des mois. Je crois en toi et je sais que tu auras plein d'autres offres. Refuse la, je t'en prie. » Je n'ai pas dû être assez convaincante parce qu'il a quand même dit oui. Qu'est-ce que je pouvais y faire ? Je lui en ai voulu, il le savait parfaitement. Je ne lui ai toujours dit quand j'étais heureuse et contente, il en serait de même pour ma peine. Que ça lui plaise ou non. Mon père était ravi, ma mère ne disait rien. J'ai dormi chez eux une nuit, parce qu'on s'était disputé et que je ne supportais pas ça. Nous n'étions plus tout à fait le couple parfait d'autre fois. Je ne supportais plus ses absences, je ne supportais plus d'être seule. Nos disputes étaient rares autrefois mais depuis qu'il avait accepté ce métier, on se déchiraient souvent, pour ne pas dire tous le temps. Je l'aimais toujours autant mais je souffrais et j'avais laissé cette douleur prendre le dessus. Mais au fond de moi, je gardais toujours cet espoir de tomber enceinte. Je savais que cela le pousserait à rester à la maison avec moi mais toujours rien. Alors j'ai décidé d'en parler avec ma gynécologue, ce qui fut la pire erreur de ma vie...
Cela faisait plusieurs semaines que j'avais eu cette discussion avec mon médecin. J'avais rende-vous cet après-midi là, j'avais donc pris mon après-midi, ainsi que ma soirée. Peut-être que je n'aurais pas dû essayer de savoir, ça m'aurait apporté moins de peine. J'ai traîné un moment en ville, passant mon temps à regarder telle ou telle boutique. J'avais l'impression que la plupart était des boutiques pour enfant ou femme enceinte. Je suis arrivée à la maison, sans même jeter un œil à Evan. J'essayais simplement de retenir mes larmes devant lui. Je suis allée dans la chambre et ai fermé la porte derrière moi, à clef, chose que je ne faisais jamais. « Jane.. Qu'est ce qui se passe ? » J'étais au bord des larmes, j'ai posé mon sac sur le lit, comme ma veste. J'ai regardé la porte. « Rien... T'inquiète pas, c'est bon. J'ai juste besoin de prendre un bain et d'être un peu seule... » Je me suis allongée sur le lit, le regard fixant le plafond et je me suis mis à pleurer doucement. Je ne voulais pas y croire... Il m'a laissé seule, ce que je voulais. Je ne sais pas combien de temps je suis restée sans bouger, l'esprit vide. J'étais ailleurs, loin, j'étais enceinte... Je ne sentirais jamais ces choses là. Je me suis finalement levée, ai mis des vêtements chaud et suis sortie de la pièce. Il était là, un peu inquiet par mon attitude mais il ignorait encore le pire. J'allais tout gâcher, casser nos rêves, nos espoirs et nos envies. « J'étais chez le docteur... Je lui ai parlé de nos difficultés pour le bébé alors elle m'a dit qu'on aller faire des examens. » Je l'ai regardé les larmes aux yeux. Ma voix était basse et faible. « J'ai une mauvaise nouvelle... Je me suis dit qu'on avait peut-être besoin d'aide... Pour cet enfant... Mais je pourrais jamais porter tes enfants... Jamais. J'ai un problème, et du coup... Au secours Evan... » C'était trop pour moi. Je n'étais pas prête à surmonter ça, surtout pas seule. Je me suis laissée tomber dans ses bras alors qu'il avait les larmes aux yeux. J'avais besoin qu'il me rassure comme il le faisait quand ça n'allait pas. Il m'a dit que ce n'était pas grave, que ce n'était pas le plus important, qu'il m'aimait. Les jours qui ont suivi n'ont pas été meilleur, ça n'allait pas... Je me sentais coupable, coupable de ne pas pouvoir lui offrir une famille, de ne pas porter d'enfants. Je détestais mon corps, j'ai fini par me détester. J'ai pleuré des jours et des nuits pendant qu'il faisait tout pour que j'aille mieux. Il a renoncé à son poste et ses voyages pour moi, il me disait qu'on trouverait un moyen mais il n'y en avait aucun... Je n'aurais pas ce ventre rond si précieux. On pourrait toujours adopter un enfant, il le disait aussi souvent mais je n'en avais pas la force. J'aurais pu faire tout ce que je voulais, j'étais détruite de l'intérieur.


  Avec le temps j'ai fini par me faire une raison. J'ai compris que rien ne servait de m’apitoyer sur mon sort. Que pleurer ne me permettrait pas d'être enceinte. Un jour, j'ai décidé de retourner travailler. Mon patron m'avait dit de me reposer autant de temps dont j'avais besoin. Je me suis rendue compte que j'avais passé beaucoup de temps à la maison, sans faire grand chose. Je ne sais pas ce qui m'a fait réagir mais d'un coup, j'étais redevenue moi-même, du moins en partie. J'ai décidé de réserver une surpris à Evan, lui préparant un bon dîner. Je n'avais pas cuisiné pour lui depuis des semaines, je ne mangeais plus beaucoup, en faisant cela je savais qu'il comprendrait que j'allais mieux et que ça lui ferait plaisir. Tout n'était pas encore parfait, je souffrais encore, je n'acceptais pas de ne pas pouvoir être enceinte mais j'avais compris qu'avec ou sans cela, Evan serait là. Nous nous aimions et nous étions plus fort que ça. Il a adoré le dîner, j'en étais plus que ravie. On pouvait redevenir le couple heureux que nous étions, j'en étais persuadée et je le voulais. Alors j'ai tout fait pour lui donner autant d'amour qu'il m'en a donné et même si j'avais mis l'option grossesse et bébé à la trappe, j'étais la plus heureuse. J'avais repris le boulot et tout revenait doucement à la normale. Je n'avais parlé à personne de mon infertilité, personne à part Evan n'avait besoin d'être au courant et quand on me taquinait sur mes envies d'enfant, je me contentais de sourire sans rien dire.
Un jour, j'ai commencé à me sentir un peu mal. J'avais mal au ventre et je me mettais à vomir. J'ai décidé d'aller voir le médecin rapidement, je devais simplement avoir une intoxication alimentaire. Ça ne pouvait pas être autre chose, même si au fond de moi, j'avais ce petit espoir, peut-être qu'il y avait bien un petit être dans mon ventre. Je savais que ça ferait mal quand le médecin me rappellerait que je ne pouvais pas être enceinte. Je me suis installée dans le fauteuil, le résultat de la prise de sang dans les mains. Je ne regardais que rarement les résultats, je n'y comprenais rien de toute façon. J'ai regardé le médecin, pressée de savoir ce qui se passait. Ce dernier semblait pensif devant mes résultats, je voulais sortir d'ici. Je ne me suis jamais sentie à l'aise dans ce genre d'endroit. Il a fini par me regarder et a souris. « Melle Gordon, j'ai une bonne nouvelle. Enfin, non, une excellente nouvelle. Je n'explique pas comment mais vous êtes belle et bien enceinte. » Je l'ai regardé, n'y croyant pas. La blague ne me faisait pas rire. En le regardant des les yeux, j'ai compris qu'il ne plaisantait pas. J'ai souri, les larmes aux yeux. Comme j'aurais voulu que Evan soit là avec moi. Il ne me croirait sans doute pas quand je lui dirais. Je comptais bien lui faire la surprise de sa vie dans quelques jours. On avait attendu tant de fois, espéré tellement qu'il pouvait sans problème attendre quelques jours de plus. J'avais plein d'idées, tellement que je ne savais pas comment faire pour que tout se passe bien que cette soirée soit l'une des meilleures de toute sa vie. Comme j'hésitais beaucoup trop, je suis allée voir ma mère. Même si elle n'était pas pour mon histoire avec Evan, par principe puisque mon père ne l'était pas, elle me donnait toujours des conseils utiles. J'avais hâte d'aller la voir, alors je n'ai pas attendu, en sortant de chez le médecin, j'ai foncé jusqu'à la maison de mes parents. Enfin, foncé était un bien grand mot parce que j'ai pris d'énormes précautions sachant que j'étais enceinte, je ne voulais pas tout gâché. Ma mère n'a pas voulu que je lui parle seule, je ne savais pas si je pouvais annoncer cette nouvelle à mon père. Il allait sûrement crier, je le voyais venir à des millions de kilomètres mais qu'importe. Il allait bien voir que j'étais enceinte et je préférais qu'Evan ne soit pas là quand j'allais lui dire, il en avait déjà pris assez pour son grade. Comme je m'y attendais j'ai eu le droit à une crise, une nouvelle. Il me disait que j'étais idiote de croire qu'un homme comme lui, il ne disait jamais son prénom, pouvait me rendre heureuse, élever un enfant, et subvenir à nos besoin et bien je rêvais. Je n'écoutais pas ce qu'il disait depuis longtemps, j'avais appris à faire abstraction. Ma mère m'a dit que la meilleure façon de lui annoncer était d'acheter un petit body et de lui en faire la surprise. Elle m'avait donné un tas d'idée et j'en étais ravie. Je suis rentrée chez nous, essayant de faire comme si de rien était. Et par chance, mon aimé ne s'est rendu compte de rien.


Le grand soir était pour bientôt. J'avais pris un après-midi sans rien dire à Evan pour ne pas éveiller ses soupçons. Ma mère m'a accompagné et j'en étais ravie. Elle m'a déposé en bas de chez moi puis est partie vaguée à ses occupations. Je suis montée et j'ai trouvé la porte de l'appartement ouvert. Ce n'était pas normal... J'ai poussé la porte et ai entendu une voix... « Evan ? Tu viens ? Je suis dans la chambre et ça fait des heures que j'attends mon chou. » Mes mains se sont mises à trembler, je n'en revenais pas de ce que j'entendais. Mon chou ? Et qu'est-ce que cette fille faisait dans notre chambre ? J'ai poussé la porte de cette pièce et l'ai trouvé. Cette voix appartenait à une belle créature, grande, blonde, poitrine généreuse, bref, tout mon opposé. « Je peux savoir qui vous êtes et ce que vous faites dans ma chambre ?! » Elle a remonté son drap sur elle et semblait surprise de me voir. Elle m'a dit que j'étais la fille de la photo en me montrant le cadre sur la table de chevet. La photo dessus remontait à notre adolescence, une des premières qu'on ait faite. Elle m'a alors expliqué, très gênée, qu'elle couchait avec Evan, assez souvent. Qu'il lui donnait sa clé en début d'après-midi, puis qu'il venait. Ils faisaient ce qu'ils avaient à faire puis il repartait et elle n'avait qu'à faire ce qu'elle voulait, elle devait simplement être partie avant 16 heures et devait glisser la clé dans la boite aux lettres. Il n'y avait qu'une seule personne qui avait les clés de la boite aux lettres et c'était Evan. Je me suis mise à pleurer et elle s'est excusée un million de fois avant de partir. J'étais effondrée alors je suis partie chez mes parents. Mon père semblait presque heureux de la nouvelle. J'ai dit que je voulais le quitter. Il n'y avait rien de pire que ça pour moi et j'ignorais comment il avait été capable de me faire ça. J'ai aussi dit que je ne voulais pas rester ici, Sunnyside était une petite ville et il serait que j'étais enceinte, je ne voulais plus le revoir, pas après ça. Mon père m'a dit de ne pas m'inquiéter, qu'il allait s'occuper de tout, la seule chose que j'avais à faire c'était lui donner les clés de ma voiture et de suivre ma mère. J'ai donné les clés à mon père et suis montée dans la voiture de ma mère. Cette dernière m'a conduite à l'aéroport et m'a fait monté dans le premier avion pour Texarkana dans l'Arkansas, là où vivait mes grands parents paternels. Pour une fois j'ai obéis sans faire d'histoire.
Ce n'était pas le rêve la vie chez mes grands-parents. Ils étaient vieux jeu et pensaient qu'on devait se marier avant d'avoir une relation sexuelle. Ils m'ont jugés mais n'ont jamais rien dit en face, c'est comme ça que ça se passe chez les bourges en général. Ma grossesse a été difficile. Rapidement, j'ai appris que le bébé était dans une mauvaise position et que je pouvais perdre le petit. J'ai dû subir un cerclage puis j'ai passé quatre mois de ma grossesse allongée dans un lit ou sur le canapé. Je n'avais pas le droit de faire des efforts, je pouvais à peine rester debout sans avoir mal. J'ai accouché finalement avec deux mois d'avance. Le petit a passé un temps fou à l'hôpital, notre petit Nick. Pourquoi je lui avais donné ce prénom ? Parce que quand on avait parlé d'enfants avec Evan c'était le prénom qu'il avait dit vouloir donner à son fils. Même si il m'avait déçu notre enfant était un enfant d'amour et j'avais adoré ce prénom. Pendant toutes la durée de l'hospitalisation, je suis venue tous les jours le voir, je restais autant que je le pouvais. Quand il est sorti, j'étais incroyablement heureuse. Il avait déjà grandi mais je l'avais vu tous les jours. Rentrer à la maison était incroyablement bon. Mes parents m'ont payé un appartement avec une chambre pour le petit. Je n'ai jamais traité Nick comme un bébé prématuré ou fragile. Pour moi, il était tout simplement un bébé, un bébé que j'aimais plus que tout. On a presque tous entendu nos parents s'étonnaient à quel point les enfants grandissent vite. Lorsqu'on est jeune, on se contente souvent de secouer la tête en se disant qu'ils veulent simplement rester jeune. Mais c'est seulement lorsqu'on a un enfant qu'on sen rends compte de la juste valeur de ces mots. Nick grandissait à vu d'oeil.


« Maman... Tu sais les garçons à l'école ils se sont encore moqués de moi... » Je l'ai regardé, c'était déjà la dixième fois depuis un mois. Je me suis accroupie devant lui. « Tu crois que t'es capable de supporter ça pendant... les deux dernières semaines qu'on passe ici ? J'irais parler à ta maîtresse demain. Et on va manger une glace. » Nick était un enfant fantastique même si du au de ses quatre ans il était la cible des moqueries des autres enfants. Je l'avais déjà changée d'école l'année dernière, on allait déménager, essayer de recommencer ailleurs. « Maman il fait quoi Papa ? » Il était très curieux et posait beaucoup de questions. Je savais qu'on se moquait de lui parce qu'il n'avait pas de Papa et je m'en voulais horriblement. C'était de ma faute. « Tu sais qu'il est occupé... Je te l'ai dit un million de fois chéri. » J'étais désolée. Et en plus de ça, Evan me manquait horriblement. Quatre ans plus tard, j'étais toujours aussi amoureuse de lui... « On pourra acheter un nouveau cadre ? Je veux mettre la photo de toi et Papa. » J'ai souris et ai hoché la tête. Même si il n'était pas présent, j'avais donné une photo d'Evan à Nick. « Ollie-Jane ?! C'est vraiment toi ?! Mais... Tout le monde te croit morte à Sunnyside! Oh mon dieu... » Il s'agissait d'une vieille amie, nous étions allées à l'école ensemble. Ce qu'elle faisait là je n'en avais aucune idée mais ce qu'elle venait de dire m'avait chamboulé. Je ne comprenais pas... Je suis allée boire un café avec elle, demandant à la baby-sitter de Nick d'aller le prendre, que je ne rentrerais pas tard. Elle m'a alors raconté le soit disant accident de voiture, qu'on avait retrouvé que des miettes et que toute la ville me pensait morte... Quand j'ai su tout ça, je me suis dit qu'il fallait à tout prix que je parle à mes parents.
Ça tombait bien, le week-end suivant ils sont venus à la maison. J'ai demandé à Nick d'aller jouer dans sa chambre, il n'a pas discuté. « Papa, je veux que tu me dises ce qui s'est passé quand je suis partie. Ce que tu as fait. » Il n'a rien dit d'abord. Il a dit que c'était du passé, que ce n'était pas important. Ma mère la regardait, insistante et j'ai su qu'elle savait. Alors j'ai prétendu vouloir parler à ma mère de problèmes féminins, mon père nous a laissé sans dire un mot. Et là elle m'a raconté, elle m'a dit que mon père avait engagé cette fille, que c'était une prostituée que jamais Evan n'avait couché avec elle. Il ne la connaissait pas, tout ça avait été monté par mon père pour être sûr qu'il ne ferait rien pour me retrouver. Après ça, il avait fait croire à un accident avec ma voiture. Elle n'expliquait pas exactement comme il avait fait, sans doute ne lui avait elle rien dit, peut-être même qu'il ne le savait pas lui même. Quand j'ai su ça j'ai cru que j'allais explosé. J'ai téléphoné à l'hôtel de Boston où j'avais réservé pour qu'on ait le temps de trouver un appartement qui nous convienne, à Nick et à moi. J'ai également annulé nos billets d'avion et les ai changé pour Sunnyside. J'avais fait une énorme bêtise, j'avais été naïve et même quatre ans après, il fallait que je parle à Evan le plus vite possible. « Nick, je crois qu'on va aller rendre une petite visite à Papa. Tu sais, je crois qu'on va oublier Boston pour un petit moment et retourner dans la ville où je suis née. Je t'en ai parlé. » « On va aller voir Papa ? On va voir Papa! ON VA VOIR PAPA ! » Il était fou de joie. J'ai souris et l'ai aidé à emballé ses premiers jouets. Après cela, il n'a pas cessé de me demander si on voyait bientôt son père. Dans l'avion il était intenable mais nous voilà bel et bien à Sunnyside, quatre ans après mon départ, après ma soit disant mort. J'ai à parler à Evan, j'ai beaucoup de chose à lui dire mais... Peut-être lui n'est-il plus ici ou peut-être a-t-il tourné la page.