" Avez-vous vu ce Prince? " par Wilfried Wojlciech.

       Serait-ce un nouveau drame qui se profile pour la Maison Royale du Danemark? Alors que celle-ci se remet doucement de la perte, en janvier dernier, de Gregers Glücksborg, son petit-fils : Benedykt Glücksborg est à l'heure d'aujourd'hui officiellement porté disparu. On rappel que celui-ci est le second fils de Vilfred de Danemark et sa femme, Silje Mikkelsen. Malgré tout, il est celui d'entre ses frères et sœurs qui fait le plus parler de lui. Alors que l'héritier au trône, se fait discret principalement au sujet de sa vie privée dont on ignore la véritable teneur, Benedykt - plus communément surnommé le Prince Ben - n'hésite pas à s'afficher tout comme l'ont prouvé ses fiançailles médiatisés en avril dernier, à Paris (France). Plus connus pour ses frasques que pour ses talents ou sa bienséance, il apparait régulièrement dans divers magasines "people" et autres journaux. Et pourtant : le jeune homme est sorti diplomé avec mention en Science-politique suite à quatre années passait à l'Université de Columbia (New-York, USA) et suit actuellement une formation militaire - sans aucun privilège - en Europe. De quoi se poser des questions quant à l'image de ce Prince, en proie à de nombreuses médisances dans les plus hauts cercles de la société. Aurait-il été victime d'un attentat? Ou aurait-il choisi de disparaitre? Les hypothèses sont nombreuses et les rumeurs vont de bon train.

       Le 12 juillet dernier, alors qu'il se trouvait sur le territoire américain pour rendre visite à quelques amis dans les Hamptons, le Prince aurait quitté une soirée en hélicoptère. En vérité, malgré les protestations du pilote, le Prince aurait tenu à quitter les lieux séance tenante selon les dires de ce premier. Ils se rendaient en direction du pied-à-terre des Glücksborg en Floride et comptait s'arrêter en Virginie mais, de mauvaises conditions météorologiques les ont poussés plus loin que prévu. Ils se sont écrasés quelques minutes plus tard dans une forêt du Tennessee suite à un problème technique. Lorsque le pilote a reprit conscience : Benedykt était introuvable.

       La famille n'a pour le moment fait aucune déclaration publique, contrairement à sa fiancée éplorée. Evalynn Cauvinghton qui s'est exprimée auprès Dansk Tv, une chaîne nationale danoise : « C'est une épreuve pour nous tous. L’inquiétude, la peur... Nous n'avons aucun indice sur l'endroit ou pourrait se trouver Benedykt. Et la situation est d'autant plus dur que de nombreuses mauvaises langues ne cessent de s'exprimer sur un homme, un Prince dont ils ne savent rien. Ben n'est certes pas une copie conforme d'Aksel mais, il n'en est pas pour le moins un fils et un frère dévoué ainsi qu'un compagnon fidèle. » Une déclaration sentimentale et peu appréciée parait-il par la famille du disparu. (...)

       La journée la plus chaude que les Hamptons eut connu cet été n'allait pas tarder à tirer à sa fin. Le soleil avait d'ores et déjà disparu, remplacé par une demi-lune dans le ciel nocturne. Le Country Club des Van der Woots était en effervescence. Les invités, pour la grande majorité des enfants de riches familles, s'étaient regroupés autour de la piscine espérant ainsi contrer l'atmosphère encore étouffant malgré une légère brise. Au bras de sa fiancée, Benedykt écoutait d'une oreille distraite les potins que celle-ci échangeait en compagnie de l'une de leurs hôtes. « (...) Pour dire vrai, je l'ai invité par pitié. La pauvre n'est visiblement pas destinée à intégrer notre cercle avec la même grâce que Kate. J'ai entendu dire que... » Le jeune homme se détourna légèrement alors qu'il roulait des yeux, exaspéré. Cela faisait près de dix minutes que Meredith jugeait en long, en large et en travers son antagoniste, Pippa Middleton. Lui-même ne l'avait que peu fréquenté mais, l'avait considéré comme étant une jeune femme des plus agréables par son absence de snobisme... ce qui aux yeux de l'héritière Van der Woots n'était que l'illustration de ses origines roturières. A ses côtés, Evalynn ne semblait pas partager sa pensée, acquiesçant avec ferveur aux paroles de son 'amie'. Aspirant à s'évader, il se mit à chercher son frère dans la foule mais, ni le Prince, ni son ami n'était à porté de regard. Fronçant les sourcils, il s'excusa de manière peu convenable auprès de ses compagnes avant de se diriger vers la véranda. Il devinait sans peine les regards courroucés de ses interlocutrices dans son dos mais, il n'en fit cas par trop habitué à la chose. Identifiant les quelques jeunes hommes qui se tenaient au bar, il fouilla le reste de la salle sans succès. La mâchoire contractée, il jura intérieurement contre son aîné et son insouciance naturelle tout en poursuivant ses recherches. Quel ne fut pas son agacement de retrouver ce dernier dans un des petits salons adjacents. « Oh c'est pas vrai! Vous rigolez là? » Claquant la porte derrière lui, il fit sursauter les deux seuls occupants de la salle : « Vous savez que la salle est pleine juste derrière cette porte? Vous imaginez si quelqu'un d'autre était rentré? Hin? J'aurais pu me balader à poil sur la plage que ça n'aurait rien changé, vous auriez fait les gros titres! Merde quoi! » Benedykt croisa ses bras sur son torse, arborant l'un de ses regards les plus noirs. Ses vis-à-vis se redressèrent, rouge de confusion pour l'un et blasé pour l'autre. Il était beau l'héritier modèle du Danemark, pensa son cadet avec sarcasme en le voyant reboutonner maladroitement sa chemise. Aksel bredouilla quelques excuses mais, fut interrompu par son amant et sa rouerie habituelle : « Faut te détendre, Benny. Ta p'tite rosbeef sait pas s'y prendre? » Le danois serra les poings. Depuis le temps qu'il rêvait de faire disparaitre cette nonchalance et cette arrogance du visage du français. Il était fortement tenté en cet instant de céder à ses envies. « Vic! Je te rappel que notre relation ne tient qu'à l'aide que mon frère nous offre. Par ce fait, tu... nous lui devons un minimum de respect. » le morigéna Aksel visiblement à la fois hébété et outré par la réplique de son compagnon. Un sourire ironique étira les lèvres de Victorin alors que son regard s'illuminait d'une lueur moqueuse. « Autant pour moi. Mes plus plates excuses, Votre Majesté. » répliqua-t-il tout en s'inclinant devant Benedykt. L'enfoiré, ne put s'empêcher de penser celui-ci. Il savait parfaitement que Ben ne serait jamais Roi, n'étant que le second héritier de leur famille. Sans compter les droits de leur oncle paternel de réclamer le trône s'il devait arriver quoi que ce soit à Aksel, il n'atteindrait ainsi jamais son but et ce, malgré qu'il aurait pu être un souverain bien supérieur à son ainé. Aksel était la gentillesse incarnée mais, il se révélait également naïf, dispersé et rapidement surpassé par les devoirs qui étaient les siens. « Laisse-nous. » se contenta de répondre Benedykt. Son ton était sans réplique, froid et le français eut suffisamment d'esprit pour ne pas discuter l'ordre, bien que sa nature ne fut pas loin : « Comme vous voudrez, Votre Majesté. » fit-il, en s'inclinant de nouveau. Ben grinça des dents mais, ne lui fit pas le plaisir de s'énerver d'avantage. Après un dernier regard à Aksel, Victorin quitta la pièce. Benedykt soupira. Il détestait le petit-ami de son frère plus que n'importe lequel de ces gosses de la "haute" qui évoluaient au Club, en cette soirée. « Tu mériterais dix fois mieux que ce type. » lâcha-t-il en désespoir de cause. « Tu ne le vois pas comme je le vois. » Prévisible. La réponse de son frère était la même à chaque fois. « Je suis désolé pour tout à l'heure. C'était stupide mais... Parfois, je me dis que ça serait tellement plus simple si... » Il fut interrompu par son frère. « Non. Ton image est plus importante que la mienne, Aksel. On en a déjà discuté, il n'y a rien à ajouter. » Le concerné grimaça. « Il arrivera un jour ou ils se désintéresseront de tes frasques... Ou ton imagination rencontrera ses limites. Tu es fiancé désormais... Une fois marié... » Benedykt se laissa tomber dans un fauteuil avec grâce. « Je ne compte pas épouser, Evalynn. Je compte rompre d'ici quelques temps... et avec fracas, si possible. » répondit-il avec nonchalance, laissant son frère sidéré. Celui-ci avala sa salive avec difficulté, provoquant un haussement de sourcil chez son cadet. « Quoi? » - « Je... Benny, j'étais persuadé que tu l'aimais! » Le susnommé pâlit considérablement en braquant un regard suspicieux sur Aksel. . « Qu'est-ce que tu as fait? » Le futur Roi se mordit la lèvre inférieure, tel un enfant prit la main dans le bocal à biscuit juste avant le diner... ou pire encore. Bien pire, même. Mais ceci expliqué pourquoi la jeune femme ne le tannait plus en vue de leur mariage, elle avait une assurance. Jamais il ne pourrait se débarrasser d'elle...

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