The Ghost of you [PV Caine]

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Sortir le soir, ça m'arrive de plus en plus régulièrement ces derniers temps. Le stress du boulot, le besoin de s'évader... Et puis, ce n'est pas comme si j'avais grand chose à faire chez moi non plus. A part ma télévision, personne ne m'y attend. Il faut vraiment que je refasse mon stock de films, d'ailleurs. Enfin, on verra ça plus tard !

Me voilà donc, errant dans le centre ville, en quête d'un bar sympathique où passer la soirée et peut-être même la nuit. L'idée de base était de rentrer dans le premier lieu venu, de commander 20 cocktails et de tenter de rentrer chez moi. Finalement, j'ai revu mes plans. Demain, j'ai une réunion importante tôt le matin avec un client que la boite ne peut pas se permettre de laisser filer... Mon oncle me tuerait si je faisais ça, encore plus si c'est la faute de l'alcool.

La petite brise fraiche est agréable. Je la sens caresser mon visage. Je m'arrête et m'allume une clope pour savourer encore plus profondément ce moment. Les yeux vers le ciel, je me prends à rêver. Finalement, cette journée sera peut-être plus agréable que les précédentes.

Soudain, un crétin me sort de mes pensées.
- Salut toi ! Ca va ? T'as besoin de compagnie ?
Et un abruti de plus, un. Pourtant, ce n'est pas comme si j'étais particulièrement attirant ce soir : un simple jean bleu délavé et troué au genou gauche, un tee-shirt noir, une paire de baskets noire également. Mes cheveux mi-longs virevoltent à cause du vent. J'ai déjà fait bien mieux...
- Pas intéressé...
Ça, c'est fait. Il n'en faut pas plus pour que l'individu s'en aille après un juron. Sans pouvoir retenir un petit rire moqueur, je file également. Dommage pour ce type, j'aurais sûrement craqué s'il avait été blond et un peu plus petit...

Je passe devant quelques boutiques, toutes sont closes. Je commence à désespérer. En revenant sur mes pas, il y a le magasin de locations de DVDs. J'y trouverai peut-être mon bonheur, après tout. Bon, allez, si dans 100 mètres, je n'ai pas trouvé ce que je veux, je rentre chez moi ! Coup de chance, après une vingtaine de mètres, je tombe sur l'endroit qui pourrait me convenir. Je reste quelques instants près de la devanture. Les gens ont l'air assez clean là-dedans... Je m'apprête à rentrer quand, soudain, je me prends un coup de poignard. Il est là... Lui... Celui que je n'ai pas revu depuis des années, celui qui me manque tant, la seule personne à qui je pense tous les jours. Je sens mes forces s'envoler, mon cœur battre à m'en exploser la poitrine. Mes poings se ferment, mes yeux aussi. Je tente de m'agripper à la première chose qui passe afin de ne pas tomber. Le mur fera l'affaire...

- Caine...

Son prénom m'échappe tel un murmure. Après trois putains de longues années sans lui, à le chercher, à l'appeler vainement, je le recroise là. Il était si près de moi tout ce temps et je ne suis jamais tombé sur lui ! Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi ce soir ? Pourquoi dans cette rue et devant ce bar ?
Perdu, désemparé, je rouvre les yeux. J'ai peut-être mal vu. Non, je n'ai pas mal vu ou alors c'est le meilleur sosie que j'ai pu rencontré... Le souffle court, j'ai du mal à respirer. J'essaye de parler, mais je n'arrive pas à articuler.

- Putain... C'est bien toi ?

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Une journée de boulot comme les autres venait de s'achevée, Caine avait encore vu les mêmes mecs, les mêmes nanas, c'était toujours les mêmes têtes qui revenaient dans ce petit bar convivial. Il commençait même à connaître les prénoms de tous les habitués par coeur, il ne se trompait presque plus mais ce n'était pas vraiment à son honneur, ça ne faisait que démontrer à quel point il stagnait dans sa vie professionnelle. Lorsque son remplaçant au bar sonna la fin de son service, Caine jeta un oeil à sa montre et après un temps de réflexion constata avec soulagement qu'aujourd'hui il pourrait rentrer chez lui sans embrayer avec son deuxième boulot qu'il aimait beaucoup moins. Le blondinet récupéra ses affaires et dit au revoir à tout ce petit monde avant de sortir du bar, il se retrouva dans la rue et la brise qui y soufflait contrastait nettement avec la chaleur qui régnait à l'intérieur du bar, un léger frisson le parcouru alors et il s'apprêtait à prendre la route qui le ramènerait chez lui ; à pied il en aurait pour une dizaine de minute tout au plus, en prenant son temps. Il avait plus ou moins la chance de ne pas habiter loin de son lieu de travail. Caine s'apprêtait donc à se mettre en chemin quand quelqu'un prononça son nom, la voix lui semblait familière mais il ne l'avait sans doute pas entendue depuis longtemps car dans l'immédiat ça ne lui rappelait rien de précis. Cependant le blondinet ne daigna se retourner que lorsque cette même voix reprit la parole et ce qu'il vit lui colla un majestueux coup dans la poitrine ; là, devant lui se tenait Tobias. La première question qui lui traversa l'esprit fut ; comment avait-il fait pour lui tomber dessus ?! Après toute les peines qu'il s'était donné pour faire le mort, effacer ses traces ... Il avait tout fait pour sortir de sa vie et pendant trois ans il avait réussit mais visiblement ce petit jeu lugubre venait de prendre fin et il ne pouvait pas prétendre que Tobias se trompait, qu'il le confondait avec quelqu'un, ils se connaissaient trop bien, ils se connaissaient par coeur « Qu'est-ce-que tu n'as pas compris dans "on a plus rien à se dire" Tobias ? » Son ton était dur mais ce n'était pas lui, il n'avait jamais été méchant avec son ancien petit ami et la seule fois où il l'avait été c'était pour lui balancer ça en plus du 'je ne veux plus te voir, c'est finit' ... En fait il ne se souvenait plus exactement de ce qu'il avait dit, il avait agit sans réfléchir, enfin si il avait réfléchit à pourquoi il faisait ça mais pas à comment il allait annoncer la nouvelle. Il était juste partit du jour au lendemain, sans laisser de trace mais visiblement le hasard faisait bien - ou mal - les choses « Laisse-moi. » Caine lâcha un long soupir avant de se mettre en route, tournant une fois de plus le dos à l'homme qu'il aimait alors qu'il avait juste envie de se glisser dans ses bras parce qu'il savait que lui pourrait le rassurer, lui faire oublier sa vie merdique l'espace de quelques instants. Seulement il ne pouvait pas l'entraîner avec lui, Tobias avait réussit et pas lui, aux yeux de Caine ça les séparait par un immense fossé, surtout avec ce que Caine faisait pour arrondir ses fins de mois.

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- Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans « on n'a plus rien à se dire », Tobias ?

Je suppose que ça répond à ma question. C'est bien Caine. C'est bien mon blond. C'est bien l'homme que j'ai aimé, que j'aime et que j'aimerai encore... Je le retrouve enfin. Cette rencontre n'apparaît comme la plus réjouissante possible au vu de ce début de conversation. D'ailleurs, ce ton tranchant, il ne lui ressemble pas. Je me souviens encore de sa voix, douce, belle, comme illuminant chaque pièce où il passait. Il semblait sourire à chaque fois qu'il parlait. Alors, cette voix, celle qu'il utilise maintenant, ce n'est pas la sienne. Cette voix, c'est le mal. C'est celle qui m'a détruit trois ans plus tôt. C'est avec cette voix qu'il m'a dit que c'était fini, que nous ne nous reverrions plus jamais, qu'il ne voulait plus jamais entendre parler de moi. Cette voix, c'est la dernière que j'ai entendue de lui. Elle me fait mal. Elle me brise de l'intérieur. Elle brûle et me rend incapable de lui répondre.

- Laisse-moi.

Sur ces deux derniers mots, je l'entends soupirer. Il se tourne alors et commence à partir. Je le vois s'en aller. Il va me quitter. Encore...
Alors, là, non ! Hors de question ! Je l'ai déjà perdu une fois. Si je le laisse faire, il faudra que j'attende encore combien de temps pour pouvoir lui parler, pour comprendre ? Trois ans de nouveau ? Jamais de la vie !

Mes forces renaissent. Je reprends conscience et me redresse complètement. Je me hâte alors vers lui, presque en courant, et lui agrippe le bras. J'y mets toute ma force, une force presque malsaine. Je suis à peu près sûr de lui faire mal, mais je refuse de le lâcher. Pas lui, pas Caine. Un frisson me parcourt.

- Caine Ward, je te préviens, je ne te laisserai pas partir cette fois-ci.

Ma voix est tremblante, mais elle semble tout de même transpercer l'air. Mon souffle est court. Je suis perdu. Je m'accroche à lui comme s'il était tout ce qu'il me reste, tout ce qu'il me faut. Il est un pilier dans l'air soudain devenu lourd. Il est toujours de dos. Je crois que je n'aurais pas la force de supporter son regard s'il était face à moi. Il doit me détester en ce moment-même, me détester de l'avoir retrouvé, me détester d'avoir mis fin à ce long silence.

A vrai dire, je pensais que ce moment serait plus facile à supporter. Je n'attendais que ça : le retrouver et le prendre dans mes bras. A la place, il fuit et je lui malmène le bras pour pouvoir le garder près de moi. J'ai mal. J'ai peur. Je sais qu'il ne veut pas de moi, mais est-ce réellement vrai. Sa voix, c'est sa voix qui me fait douter. Il ne peut pas avoir tant changé...

- Ce que j'ai compris Caine, c'est que ce n'était pas toi. Ce n'était pas ta façon de parler. Ce n'était pas l'homme que je connaissais.

Ça n'aide certainement pas que je lui dise ça. En même temps, ça fait trois ans, trois ans que je garde ça en moi, trois ans que je veux comprendre, trois ans que mes questions restent sans réponse, qu'elles résonnent, brisent et repartent. Alors, oui, j'ai le droit de m'énerver, de lui dire que je ne le reconnais pas. Néanmoins, je me détends un peu. Ce n'est pas nécessaire de le pousser vers la sortie.

- Pourquoi Caine ? Hein, tu peux me le dire ? On était bien. On avait tout pour nous. On s'aimait, bordel ! C'était rien, ça, à tes yeux ?

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Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi maintenant ? N'avait-il pas prit toutes les dispositions afin d'être introuvable ? Il s'était fait violence pour ne répondre à aucun de ses messages, aucun de ses appels, il avait fait le mort pendant trois ans et il avait espéré que Tobias l'avait oublié, qu'il avait fait un trait sur lui. Qu'il le considère comme le pire des connard l'aurait arrangé, au moins il n'aurait pas cherché à le retrouver et peut-être qu'aujourd'hui ils ne se retrouveraient pas dans cette situation. Il n'avait pas fait dix pas que Tobias l'avait déjà rattrapé et le retenait fermement par le bras, il lui faisait mal mais Caine ne protesta pas, il le méritait après ce qu'il lui avait infligé. Cependant il ne se retourna pas et l'écouta en fixant droit devant lui, comme si ce qu'il entendait ne l'atteignait pas, ne parvenait pas à l'ébranler ou à le faire réagir alors qu'il brûlait d'envie de le serrer dans ses bras, lui dire que c'était finit, qu'ils pouvaient être de nouveau ensemble ... Mais ce serait mentir car jamais plus ils ne pourraient être ensemble, pas tant que Caine pataugerait autant dans sa vie, il se devait de protéger ceux qui l'entouraient et tenir Tobias éloigné de lui avait été sa première solution mais aujourd'hui il devrait trouver un autre moyen « Non, tu avais tout pour toi, moi j'étais en sursis ... Et j'ai changé. » Quand il avait commencé la fac il était presque certain qu'il ne pourrait pas aller au bout, d'une part parce qu'il avait toujours fait partis des laborieux et aussi parce que malgré l'héritage qu'avait laissé sa mère ça ne suffirait pas à payer tous les frais. Il avait bien trouvé un boulot mais ça n'avait pas suffit et il avait du tout arrêter, comme ça, du jour au lendemain et il aurait préféré que ça se passe autrement mais il faut croire que la vie elle-même à ses souffre douleurs. Caine finit par se tourner pour faire face à Tobias, dégageant son bras au passage, il avait la mine fatiguée de quelqu'un qui faisait trop d'heure en une journée et qui avait à peine le temps de dormir, ce soir il aurait voulu dormir mais il savait déjà que ces retrouvailles allaient le tracasser toute la nuit et qu'au final il allait être encore plus fatigué demain qu'aujourd'hui, il allait avoir une mauvaise journée et ça n'allait pas aller en s'arrangeant. Tout était tellement prévisible dans sa petite vie pourrie et presque trop bien organisée, hormis les pains qu'il pouvaient éventuellement se prendre de la part de clients mécontents mais ça, ça ne regardait que lui et officiellement il avait plutôt tendance à boxer avec les portes « Tu devrais rentrer chez toi, c'est de l'histoire ancienne. » Il devrait rentre chez lui et reprendre sa vie bien rangée, celle qu'il méritait et ne pas essayer de le revoir, de le retrouver, il risquerait de ne pas aimer ce qu'il découvrirait et Caine ne voulait surtout pas que lui découvre la vérité.

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-Non, tu avais tout pour toi, moi j'étais en sursis... Et j'ai changé.

Le choc est rude. Ça fait deux coups de poignards dans le cœur en une soirée. C'est un peu plus que je ne peux le supporter, je crois. Comment ça « en sursis » ? Il a passé trois ans en sursis dans mes bras, à subir mes caresses et mes baisers. Ses rires, ses pleurs aussi, ses gémissements, notre amour, c'était des années de sursis ? Comment veut-il que je crois à ça ? Ce n'est pas plausible. Ce n'est pas possible... Il ne peut pas avoir changer à ce point ni même être sérieux quand il me balance ça à la figure.

Tout à coup, il se retourne, se délivrant par la même occasion de mon emprise. Mon poing se sert dans le vide. Ma main est complètement engourdie tellement l'emprise était forte. Je m'en veux l'espace d'un instant. Pourtant, j'aurais voulu qu'il ne me repousse pas, qu'il me laisse avoir au moins ce semblant de contact. Mes yeux stagnent dans le vide. Je fixe je ne sais quel point, au loin, dans l'horizon. Je n'ai pas le courage de le regarder, lui. Pourtant, j'ai envie de me perdre dans ses yeux et d'y retrouver la chaleur d'autrefois, mais à quoi bon ?

- Tu devrais rentrer chez toi, c'est de l'histoire ancienne.

Pardon ? Je crois qu'il va me falloir un peu de temps pour atterrir, là... Une clope ! Oui, c'est ça, c'est exactement ce qu'il me faut ! Je sors donc mon paquet de la poche de mon jean. J'attrape mon briquet. Comme par hasard, monsieur ne veut pas fonctionner immédiatement... Ah, si, ça y est ! Je ferme les yeux et aspire le poison comme jamais. Après quelques secondes, je recrache ma fumée. Voilà, ça va mieux.

Je me décide enfin à la regarder dans les yeux. Je pensais y trouver de la colère ou du mépris. Ce que je peux voir est tout autre : de la fatigue, de l'épuisement. Ses yeux sont presque clos. Je devine qu'il ne dort pas bien, si ce n'est pas du tout. Soudain, l'inquiétude m'assaille. Je devrais lui en vouloir pour ses derniers mots, mais ils m'importent peu désormais. Je ne vois plus qu'une chose : le visage de mon blond. Son air exténué me choque. Pourquoi ? Pourquoi est-il ainsi ? Je n'ai plus qu'une envie : le prendre dans mes bras. Je veux qu'il pose sa tête sur mon épaule et qu'il s'endorme, qu'il soit enfin paisible, afin que je puisse l'être également.

- Tu crois vraiment que je vais abandonner aussi facilement, Caine ?

Je ne comprends pas ce qu'il se passe en moi. Je sais qu'il préfère que je le laisse, mais comment veut-il que j'agisse ainsi après l'avoir vu dans cet état ? Je sens qu'il a besoin de moi ou de quiconque. Il a besoin de compagnie, d'écoute. Comment a-t-il pu devenir ainsi en quelques années ? Il n'est plus le même... Il faut qu'il m'explique. J'ai le droit de savoir. J'ai envie de savoir. J'ai besoin de savoir. Après tout, passé ou non, il me doit des réponses.

- Je ne partirai pas tant que tu ne m'auras pas expliqué pourquoi tu as l'air si fatigué ! Regarde-toi. On dirait l'ombre de toi-même...

La son de ma voix me semble lointain, mais je sais qu'il n'a pas été tranchant. J'ai presque murmurer mes mots, mais mon ton était presque tendre. l s'attendait peut-être à ce que j'énerve encore plus ou même à ce que je parte réellement. Non... Il sait très bien que je ne suis pas comme ça. Il me connaît après tout. N'est-ce pas ?

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Il se demandait si Tobias se rendait compte de ce que ça lui coûtait de rester loin de lui alors qu'il rêvait de se remettre dans ses bras, comme au bon vieux temps ... Mais les choses ont changées, ils avaient changé tous les deux ; Tobias semblait avoir réussit dans la vie et même si ce n'était pas flagrant, c'était à s'en douter, il avait toujours été brillant. Caine lui, n'avait pas eu autant de chance, la vie n'avait pas été sympa avec lui et malgré tous ses efforts pour s'en sortir il avait du mal à garder la tête hors de l'eau. Il faisait partie de ces nombreux noyés qui ne sont que les ombres de cette ville, ceux dont on a pas envie d'entendre parler, ceux qu'on préférerait oublier « Tu ferais mieux, ça vaut plus le coup. » Si on lui avait dit il y a trois ans qu'il en serait réduit à tout faire pour se faire détester de Tobias, il ne l'aurait jamais cru et pourtant ... Il voulait à tout prix le garder loin de lui, loin de sa poisse quotidienne, loin de sa vie de merde. Il ne méritait pas ça, il valait beaucoup mieux, il avait pas besoin d'un mec qui se prostituait pour arrondir ses fins de mois - chose dont il était loin d'être fier cela dit -. Il ferait mieux de chercher ailleurs, dans les gens de sa catégorie sociale, il trouverait sûrement. Un pâle sourire étira ensuite les lèvres de Caine, l'ombre de lui-même ... C'était plutôt bien résumé à ses yeux et sûrement que don ex-petit ami ne pensait pas si bien dire. Il se disait probablement qu'il forçait le trait, qu'il ne pouvait pas avoir changé aussi radicalement et pourtant ... Il avait sombré si bas que ça l'avait atteint au plus profond, les sourires s'étaient faits si rares sur son visage qu'il avait presque mal quand c'était ces muscles qui se tendait pour un rictus, il avait oublié ce que c'était que d'être heureux ; il était déjà content de ressentir sans pépin d'une passe ... Il avait même oublié que l'espace de quelques années il avait eu une vie normale, à la fac avec Tobias qui avait été son copain, ils avaient été si proches que Caine n'avait pas pu se le sortir de la tête, il n'avait même jamais essayé de le remplacer ! Bien sûr il y avait Reese, mais lui, c'était une tout autre histoire et il ne comptait pas en parler à Tobias, pas maintenant, parce qu'il le blesserait. Quoique c'était un peu ce qu'il cherchait depuis le début non ? Le blesser, le voir partir, lui tourner le dos une dernière fois, un ultime au revoir, un adieu « Tu as raison, je suis épuisé et je voudrais rentrer chez moi dormir. Au revoir Tobias, content de t'avoir revu. » Son ton était morne, monocorde, presque robotisé mais surtout une note de tristesse l'avait ponctuée, presque indéchiffrable et pourtant elle était là, ça lui coûtait d'agir ainsi mais c'était mieux, pour tout le monde. Alors Caine tourna les talons et s'éloigna en direction de son appartement.

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Dites donc, il est réellement remonté ce soir. Encore une parole blessante de sa part. Blessante tant envers moi qu'envers lui. Je ne sais pas s'il me dit tout cela car il estime que je suis devenu minable... Bizarrement, j'ai le sentiment que c'est à lui qu'il en veut. C'est étrange, je trouve... Un soupire s'échappe de mes lèvres. Je compense cela par une bouffée de clope. Mes yeux se dirigent vers le sol, instinctivement. L'instant d'après, je fixe à nouveau Caine. Quelque chose me surprend tout à coup... Je rêve où il vient de sourire ? Un peu seulement, mais ce petit rictus s'est affiché sur son visage. Je ne peux pas me tromper. Alors, oui, effectivement, ce n'était ni très marqué ni très long, mais cela s'est passé. Je suis formel. C'est bon de voir son visage changer ainsi. C'est comme s'il s'était illuminé d'un coup.

Malheureusement, il efface cette petite marque bien vite. Tout à coup, il paraît bien triste. Si je ne le connaissait pas, je le penserai lunatique. Mais ce n'est pas mon Caine... Quelque chose de grave a dû se passer et je me dois de savoir quoi. Je me connais, je ne peux pas l'oublier. Il n'a pas quitté mes pensées en trois ans, alors maintenant que je l'ai retrouvé, je ne peux pas m'en débarrasser. Ce serait plus simple, aussi bien pour lui que pour moi, que je me mette à le détester. D'ailleurs, il me donne toutes les raisons de le faire. Malheureusement, il sait très bien que je ne le ferai pas. A première vue, ses réactions cachent bien des choses. Je ne peux pas me permettre de ne pas savoir la vérité... Une nouvelle claque sonne alors, me sortant de ma rêverie.

Tu as raison, je suis épuisé et je voudrais rentrer chez moi dormir. Au revoir Tobias, content de t'avoir revu.

C'était quoi ce ton ? Je viens de trouver officiellement le sosie de Wall-E... Ce n'est pas drôle, je sais... Néanmoins, sa voix, ce ton, c'était tout à fait ça. On aurait dit une phrase apprise par cœur et lâcher afin de se libérer d'un enquiquineur de base, comme s'il faisait ça tous les jours. Comme si cela ne suffisait pas, je le vois tourner les talons. Encore... Fuir... J'aurais envie de le gifler. Réaction typique de minette, je l'accorde. Je jette ma clope au sol et l'écrase, lentement. Le temps de relever les yeux vers lui, il est déjà loin. Là, il faut que je me presse si je ne veux pas le perdre une fois de plus. Tout s'enchaîne alors sans que je ne contrôle. Je me mets à courir vers lui. Je l'attrape alors par le bras, sans serrer cette fois. Il est toujours dos à moi. Ce sera plus simple pour lui parler.

- Et après ? Je te suis et reste en bas de chez toi jusqu'à la fin de la nuit ? Je reviens ici tous les jours pour te croiser ? S'il te faut ça pour que tu daignes m'expliquer, alors je le ferai Caine, et tu le sais...

Je tire alors sur son bras et le tourne vers moi. Mes yeux se plongent dans les siens. Un frisson s'empare de mon corps. Machinalement, un nouveau soupire s'échappe. Je le regarde, plein de tristesse. Pas une once d'amertume ou de dégoût... Je suis simplement mal, tracassé. J'ai besoin de lui, besoin d'un signe.

Finalement, mon cœur prend le pas sur mon corps. Ma main vient se glisser dans ses cheveux sans que je ne puisse l'arrêter. J'approche alors sa tête de la mienne, sans le brusquer. Je ferme les yeux. Mes lèvres se posent sur les siennes, lentement, calmement. Je me sens bien. Le bonheur s'empare instantanément de moi, me faisant oublier tout notre échange précédent. Une sensation agréable traverse tous mes muscles. Mes sens se confondent. Je brûle. Réalisant soudain ce que je viens de faire, je m'éloigne brusquement. Je ne sais pas ce qu'il peut lire sur mon visage en ce moment, mais cela doit fortement s'apparenter à de l'étonnement, alors que je suis celui qui a agi.

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Partir, c'était tout ce qu'il voulait, s'enfuir, rentrer chez lui ... Mais Tobias ne semblait pas de cet avis, il l'attrapa une nouvelle fois par le bras et le retourna ce qui exaspéra légèrement Caine mais lorsque son blond posa ses lèvres sur les siennes, sa colère naissante s'évapora et comme si ils ne s'étaient jamais séparés, comme si tout était comme avant mais surtout par réflexe ; le blondinet glissa sa main dans la poche arrière du Jean de Tobby. Il avait toujours fait ça avec lui, tout comme Tobias avait toujours aimé s'asseoir sur lui pour le chercher ou juste passer un peu de temps plus proches qu'ils ne le seraient jamais avec d'autres. Ils avaient eu chacun leurs habitudes vis à vis de l'autre et même après trois ans il semblait que Caine n'en ai pas perdu une miette. Lorsqu'il se rendit compte de ce qu'il faisait, il faillit le repousser et s'écarter de plusieurs mètres mais si c'était un moyen d'éviter les questions de Tobias il pouvait bien le laisser faire ... Et puis c'est pas comme si ça lui déplaisait. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Caine remonta sa main et frôla les reins de son ancien amant. Son regard croisa le sien mais même si il l'aimait, même si il savait que Tobias lui passerait tout, il devait garder son secret ... Reese était déjà au courant et c'était suffisamment difficile à gérer comme ça pour pas en rajouter « Si tu veux qu'on discutes on va chez toi, pas chez moi. » C'était clair, net et sans appel. Il ne voulait de personne chez lui. Il ne voulait que personne voit la misère qui l'entourait, c'était limite si les cafards se battaient pas pour un peu d'espace, pitoyable. Caine finit par s'écarter et lâcha Tobias, il constata alors qu'il était un peu perturbé par l'odeur de cigarette, pas par l'odeur en elle-même mais parce qu'elle se mélangeait à l'odeur de Tobias, une odeur qu'il avait eut le temps de sentir des centaines, des milliers de fois peut-être, qu'il connaissait par coeur. Caine se mordit légèrement la lèvres puis remarque que Tobias s'éloignait, probablement en direction de chez lui, alors le blondinet le suivit, marchant à ses côtés. Content qu'il n'ait pas insisté pour savoir pourquoi il refusait d'aller chez lui.

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