4 SEPTEMBRE 1998
Aujourd'hui, c'était un jour particulier pour moi. J'utilise le mot "particulier" comme l’emploierait quasiment tous les parents d'un enfant de mon âge à cette époque, c'est-à-dire cinq ans. En effet, le mois de septembre est sacré pour ces parents. Enfin, pour eux, leurs gosses deviennent un peu plus ouvert au monde qui les entoure, ceux-ci sont partants pour plusieurs années à remplir dans le domaine scolaire. Et oui, comme vous devrez le savoir, septembre est le mois des rentrées des classes. Des papillons dans le ventre, l'angoisse qui montent, que ce soit pour les parents ou les enfants, la tension est à son comble. Les parents sont contents mais nostalgiques de voir leurs enfants grandir en quelque sorte, tandis que les enfants sont plutôt contents de sortir de leur routine quotidienne, à rester coincés entre quatre murs. Pour moi, ce jour était bien particulier, mais pas particulier comme eux le voient. En effet, il était à peine huit heures et demie du matin, l'école ouvrait dans un quart d'heure. Ma mère, de nature toujours ponctuelle, qui détestait être en retard, m'avait forcé à être quinze minutes en avance. Elle trépignait d'impatience, tandis que moi, limite je m'en foutais, j'avais ma voiture téléguidée, j'étais bien, je jouais à terre et suivais la voiture qui roulait. « Milo, ne t'éloigne pas trop loin. » Je hochais la tête, et retournais vaquer à mes occupations. Je n'avais même pas le temps de prendre ma télécommande en main que ma mère m'interpellait, l'école venait d'ouvrir. L'école était plutôt grande, mais je n'aurais pas de mal à me perdre puisqu'il y avait une partie distincte consacrée aux maternelles. Ma mère me donnait un bisou sur la joue. « Milo, je t'en prie, ne m'en veux pas, n'oublie jamais que je t'aime. » Sur ces mots, elle partait. Je n'avais pas vraiment compris pourquoi elle disait ça... Ce que j'ignorais aussi, c'est que ce jour-là, je perdrais ma mère. Elle avait promis qu'elle viendrait me chercher à la fin de l'école, sauf qu'elle n'est jamais revenue. On ne savait pas où elle était, elle avait pris ses affaires de la maison et l'avait laissée vide.

22 JANVIER 2000
J'avais désormais douze ans, j'avais compris pas mal de choses dans ma vie, notamment que la disparition soudaine de ma mère était dû au fait qu'elle s'était cassée dans un autre pays, sans me le dire. En maternelle, la maman d'une jeune fille avait eu la gentillesse de m'aider dans ma détresse, et c'est comme ça que j'ai connu PRENOM, qui est par la suite, devenue ma meilleure amie. Je connaissais tout d'elle, comme elle elle connaissait tout de moi. Je lui en devais beaucoup, parce que c'est grâce à elle que j'étais là à ce jour. Elle m'avait pris pour habiter chez elle, ce qui me ravissait parce que sinon j'aurais dû aller habiter chez ma grand-mère, assez indifférente de ses petits-enfants, c'est peut-être son caractère qui reflétait sur celui de ma mère et qui l'a donc poussée à s'en aller. En tout cas, à l'heure d'aujourd'hui je la détestais, plus que tout, de tout ce qu'elle m'avait fait. J'avais perdu mon père, enfin non, disons que je ne l'avais connu. Et grâce à Nina, la mère de PRÉNOM, j'étais choyé, j'avais une école, de l'argent, des vêtements et elle n'y voyait aucun inconvénient à me garder. Bien sûr, c'etait elle qui faisait mon éducation, chose sur laquelle elle avait de la difficulté.

17 MARS 2004
« Milo, tu m'aimes comment ? » Elle plongeait son regard dans le mien, ses yeux auparavant baissés vers le sol. « Pourquoi cette question, PRÉNOM ? Tu sais que je t'aime fort. » Ses traits devenaient plus effacés, elle se mordait nerveusement la lèvre avant de prendre un grand sourire. « Je crois que je t'aime, plus qu'en meilleur ami... » Ces mots me donnaient la chaire de poule, jamais je n'aurais imaginé que notre relation prendrait cette tournure. En fait, je l'avais toujours considérée comme une meilleure amie, rien de plus, même si en fin de compte je lui devais toute ma vie. Elle prenait mes mains, je ne voulais pas la vexer mais j'aurais bien voulu me les dégager des siennes et pouvoir disparaître dans un trou de souris. Comme ça pouvait être gênant. « PRENOM, je... je suis désolé, mais je... suis bi. Enfin, gay du moins. » Il fallait que je trouve un mensonge, qui lui ferait rester à son stade de meilleure amie. Bien sûr que non, je n'étais ni gay ni bi. PRENOM restait la bouche fermée, sans mot dire, elle était très choquée vu son expression, mais je ne pouvais pas prendre le risque de sortir avec ma meilleure amie, ça pourrait briser le lien que j'avais avec elle. Je lui souriais doucement et la prenais dans mes bras. Je m'entendais très bien avec elle, et on avait toujours été très tactiles tous les deux. Seulement, je ne pensais pas que mon mensonge deviendrait réalité...

17 OCTOBRE 2006
« Bon, tu viens, Milo, on va bien s'amuser tous les deux. » Il ne tenait même plus debout, il déambulait pour essayer de me rattraper. J'étais sorti très rapidement de la boîte, je devenais rentrer avant que Nina m'engueule parce que je devais rentrer il y a une heure de ça. « Non, dégage mec, je dois rentrer maintenant. » Sur le temps que j'avais dit ces mots, il avait piqué un sprint et m'avait attiré vers le bras. Là, il m'avait retourné et m'avait embrassé. Je ne connaissais pas cette sensation d'embrasser un garçon. Je ne m'y attendais pas, je ne le connaissais que depuis le début de cette soirée, en faisant tomber un verre de vodka sur sa chemise. Drôle de moyen de rencontre vous me direz. « Qu'est-ce que tu fous ? » « Tu m'attires. » Je le repoussais violemment en soupirant et en partant en direction de ma maison, enfin plutôt celle de Nina. Je savais que j'allais me faire engueuler le lendemain... Je poussais doucement la forte d'entrée et en prenant le soin de bien la refermer derrière moi. La lumière s'allumait et Nina et PRENOM étaient postées devant moi. « Milo, où étais-tu ? Je t'avais dit de rentrer il y a plus d'une heure ! » Le ton de Nina devenait plus sombre, elle ne savait pas m'engueuler, elle n'en trouvait pas la force puisque je n'étais pas son enfant respectif en fin de compte. « Je... suis désolé, j'avais pas vu l'heure... » Elle fronçait les sourcils. « Et ton portable, tu ne sais pas y répondre ? » Je soupirais et montais dans ma chambre. « C'est ça, va te coucher, on en reparlera demain. » Je claquais la porte de ma chambre, pour montrer mon mécontentement total. Je les aimais beaucoup, je leur devais tout, mais il y a des moments où je devenais rebelle puisque j'avais l'âge.