« Ton dessin est magnifique Stitch. Je vais l'accrocher sur le mur de la classe. » La maîtresse me regardait avec ses yeux pleins d'admirations pour mon talent pour dessiner les lions de la savane alors que j'étais encore tout petit. Je n'étais pas encore un immense dessinateur ni rien du tout, rien qu'un simple élève dans une classe, et j'avais juste gribouillé comme je le faisais d'habitude. Apparemment, je prends toujours le plus grand soin lorsque nous sommes en dessin, en tout cas, par rapport aux autres camarades, c'est sûr. Je suis comme ça, perfectionniste dès mon plus jeune âge on va dire. Mais ça me fait plaisir de voir la maîtresse tellement heureuse de mon lion alors que les autres ne prennent pas le temps de colorier sans dépasser ou de mélanger des couleurs qui ne vont pas ensemble. Bon, après tout, c'est leur problème. Ma maman est toujours hyper contente lorsque quand elle vient me chercher à l'école, je lui raconte ma journée et que je lui avoue que ma maîtresse ou même mes camarades ont été impressionnés par mes dessins. J'ai de superbes notes dans toutes les matières, mais je crois qu'elle préfère que je sois au moins bon dans le dessin, et que les autres choses sont superficielles pour elle, même si elle est fière de moi. Je pense qu'avoir un fils qui n'aimait pas dessiner ou quelque chose comme ça l'aurait peut-être un peu déçue.

J'ai toujours été proche de l'univers artistique, et j'ai toujours aimé ça depuis que j'étais tout petit. Je pense que cette passion vient essentiellement de ma mère, qui est une artiste un peu perdue, mais une artiste tout de même. Elle a toujours été du genre à être en solitaire, à vouloir faire le tour de la terre, à vouloir parcourir le monde accompagné de son vélo acheté une centaine d'euro à peine chez décathlon, toujours prête à partir à l'aventure pour y trouver des richesses inexploitées, des endroits d'une beauté incroyable, et surtout de l'inspiration pour ses projets d'artiste en visitant et en partageant les différentes cultures du monde entier. C'est forcement grâce à elle que j'adore à mon tour l'art, que je dessine tout le temps, que ce soit un vrai travail minutieux sur une toile de peintre ou des petits dessins faits dans le coin d'un cahier alors que je m'ennuyais en cours. Je fais un peu de tout à vrai dire, artistiquement parlant. J'aime toucher à tout, et c'est également pour ça que je prends hors activités scolaires des cours d'art. Ca me plait, alors je m'en fous si c'est du travail en plus. Déjà petit, je venais toujours la voir avec mes questions « Dis maman, je peux faire de la guitare ? », « Dis maman, on fait de la peinture ? », « Dis maman, dis maman ... » Je pensais que ça allait finir par la saouler, mais pas du tout, je pense qu'elle était contente qu'à mon âge je m'intéresse à des millions de choses déjà. Peinture, sculpture, gravure, dessin, bande-dessinée, guitare, batterie, violon, harpe, stylisme, design, retouche ... Je ne suis vraiment pas difficile à satisfaire dans ces domaines quoi. Puis à genre, vers mes sept ans, on a découvert que j'étais un surdoué, que j'avais des facilités à retenir les choses, à faire attention aux détails, des facilités à l'école. Ils nous ont d'ailleurs demandés si je voulais sauter une classe, mais ma mère à préférer me laisser là où j'étais. J'étais très jeune, je m'étais fait des amis, c'est l'âge où l'on commence à être sociabilisé réellement, elle ne voulait pas m'enlever ça et je lui en remercie. J'ai donc fait avec mon super cerveau, même si je m'ennuyais souvent en classe car je comprenais plus vite que les autres. J'ai toujours eu des bonnes notes, que ce soit à sept ans ou à dix-huit ans. Sauf que bon, maintenant je me fais beaucoup plus vanner par mes potes à cause de ça, mais je m'en fous. C'est moi qui irai à Harvard, pas eux. Oui, je sais, je vise haut, très haut. Mais je me dis « pourquoi pas » quoi. Harvard c'est un rêve pour moi et si j'ai les capacités, autant mettre toutes les chances de mon côté et foncer. J'adore cette ville, vraiment. Sunnyside c'est cool, et je ne partirai pour rien au monde. À part Harvard. Faut pas déconner quoi, j'ai quand même plus de chance d'avoir un bon travail en ressortant diplômé de Harvard qu'en ressortant diplômé de l'école de Sunnyside non ?

J'ai toujours été un mec qui, dans le fond, est plutôt du genre romantique, même si je ne le montre pas et que les autres pensent le contraire. Je ne veux pas dire par là que j'aime quand tout est guimauve, mielleux et dégoulinant d'amour, mais disons que je crois au grand amour, à l'amour éternel, aux amours qui durent toute la vie, ce genre de choses. Je sais, ça paraît bizarre. Lorsque l'on sait qu'à son âge, ma mère ne s'est toujours pas posée et n'en a pas envie, qu'elle préfère coucher avec tout le monde, c'est sûr que ce n'est pas elle qui m'a donnée comme exemple l'amour avec un grand « A » et longue durée. Disons que je ne sais pas trop ... Je suis assez comme ma mère, beaucoup me considèrent comme libertin, je sors un peu avec qui je veux quand je veux, sans que cela fasse forcement de longue relation de plusieurs mois. Des fois, quelques semaines et hop, je passe à une autre. Beaucoup m'acclament comme un gros connard, un bâtard sans coeur, sauf que c'est faux. Ce n'est quand même pas de ma faute si les filles, au bout d'un moment, je m'en lasse. Je ne vais pas me forcer d'être avec une meuf pendant des mois alors que je m'emmerde quand même. Et donc forcément, ça devient de ma faute si elles sont ennuyeuses, bien sûr. Donc voilà, au lycée, je n'ai pas la meilleure réputation du monde concernant les relations amoureuses. Tout le monde sait très bien que chez moi, les filles, ça va, ça vient, ça ne reste jamais. D'ailleurs à cause de ça, je n'ai pas réussi à emballer certaine nanas, malheureusement. Mais je ne suis pas si irrespectueux que ça, faut pas croire. Quand je suis en couple je suis gentil, attentionné, tout ce que vous voulez. Je ne sais pas pourquoi, les autres mecs pensent toujours que bam, quand je suis en couple, je suis toujours un gros salaud, qui parle mal à la fille avec qui je suis, qui la délaisse et tout ça. Ils ont franchement une idée bizarre de moi, là-bas. Ou juste ils sont jaloux parce que je suis plus beau-goss qu'eux et que tout le monde me veut. Sérieusement, ils sont tous, même les meufs, à regarder chacun de mes faits et gestes, j'ai parfois l'impression d'être une bête de foire. C'est ça d'être populaire. Ils me surveillent, attendent impatiemment chacun de mes faux-pas, croient tous que quand je suis en couple je sors aussi avec quelqu'un à côté alors que non, je suis fidèle, et dès qu'ils ne trouvent rien à redire sur mon comportement, ça les faits encore plus chier. Et moi j'aime ça, les faire chier. Surtout que depuis le début de cette année, j'ai rencontré la femme de ma vie. Et je parle sérieusement quand je dis ça. J'ai rencontré une meuf ... Juste sublime. Elle a une magnifique chevelure blonde, des yeux bleus dans lesquels je me noie à chaque fois qu'elle me regarde et elle est juste, super bien faite. En fait, elle a vraiment tout pour elle, et tous les garçons comme moi n'ont qu'une envie, c'est de sortir avec elle. Et je peux tout à fait les comprendre. Sauf qu'ils ne l'auront pas, je l'ai décidé. A peine je l'ai vu, j'ai su qu'elle serait ma future femme. Je veux dire c'est juste ... évident. C'est le genre de truc que je sens, j'ai genre un don pour ça. Et je ferai donc tout pour sortir avec elle, avant qu'un autre ose me l'a piqué. Cette fille-là elle est juste ... whoua quoi. Tellement que j'en saoule mes potes quand j'en parle vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On se connait rapidement, on n'est pas vraiment pote, mais je vais me battre pour qu'on soit plus que ça. Mes potes n'arrêtent pas de faire des sous-entendus sur elle et moi lorsqu'elle est là, ils font tout pour me pousser dans sa direction, tellement ils n'en peuvent plus. Alors, je suis allé lui parler, à l'aise quoi. Je me suis approché, en mode wesh-beau-goss-sûr-de-soi, sourire sur mon visage d'ange, et je me suis arrêté à côté de son casier, appuyant mon bras sur celui d'à côté. « Hello beauté. » Abbie, la belle blonde dont je parle depuis tout à l'heure, a levé les yeux sur moi, retournant mon sourire alors qu'elle attendait que je continue mon approche. « Tu le sens ? » « Sérieusement, tu vas me faire le coup de la chimique et du coup de foudre, toi ? » MERDE, MERDE, MEEEERDE. Elle connait déjà cette technique de drague. Bon, je suis d'accord sur le fait que ce n'est pas le truc le plus original, et que j'utilise toujours les mêmes phrases, mais ce n'est pas de ma faute si ça marche. C'est peut-être des techniques de dragues un peu débiles, mais au bout du compte, si j'arrive à la fin à sortir avec la personne, c'est que ce n'est peut-être pas si nul que ça, si ça marche. Ça fait toujours au moins un peu rougir les filles, ça les flatte un minimum, même celles qui font semblant qu'elles s'en foutent. Mais là, j'étais en panique, comme ça quoi. Il fallait que je trouve une autre phrase bateau à lui sortir, un truc que même si elle connaît, ça la touche un peu. « Ecoute, tous nos amis pensent que nous couchons ensemble, alors coupons court aux ragots … » Regard sensuel, petit sourire en coin, ça fait toujours son petit effet. J'avoue ne pas avoir trouvé la meilleure phrase pour l'emballer, car lorsque c'est trop sexuel de suite ça les fait souvent fuir, mais bizarrement, pas elle. Elle s'attendait surement à un truc du genre « tu sais ton père est voleur, il a pris les plus belles étoiles et les as mises dans tes yeux » ou encore « est-ce que tu as souri ou c'est le soleil qui a transpercé les nuages ? » Genre un truc encore plus connu et sur le physique, qui marche quand même bien quand c'est bien utilisé mais bon, ceux qui les utilisent sont plutôt les gros dragueurs lourds, et j'évite de tomber dans cette catégorie. Et voilà, bim bam, l'affaire était pliée. Nous sommes rapidement sortis ensemble et tout allait pour le mieux, sérieusement. C'est comme si tout entrait enfin dans l'ordre dans ma vie. Tous les jours étaient juste comme dans un rêve, je n'arrivais pas à croire que je sortais vraiment avec cette fille magnifique. Tous les autres mecs étaient pires que jaloux qu'elle sorte avec moi à son bras, et ça me rendait encore plus fière qu'à l'habitude. Franchement, c'était le bonheur.

Je vis trop dans un rêve en ce moment. Je sors avec la fille de mes rêves depuis plusieurs mois, mes notes sont toujours aussi hautes, mes potes sont tous jaloux de moi, per-fect quoi. Sérieux, j'ai vraiment l'impression de vivre un rêve éveillé, j'ai même du mal à y croire. Je sors avec Abbie, puis on se mariera, puis on fera des bébés ... Ouais, j'ai tout prévu moi. Je marche dans le lycée, l'air genre trop béat - limite idiot - et presque je me mettrai à danser en pleins couloirs façon High School Musical tellement je vois la vie en rose. Y a des gens qui me regardent bizarrement d'ailleurs. Bref. Je marche vers le stade, regardant autour de moi, quand je m'arrête d'un seul coup, comme pétrifié. Devant moi se trouve une belle blonde - qui évidement est Abbie - qui a l'air d'être trèèèèèès occupée à mettre sa langue dans la gorge d'un mec même pas de mon niveau. Les connards. Je racle ma gorge en m'approchant d'eux. « Euh .. Je peux savoir ce que tu fais là ? Ça y est, je suis pas là, c'est la fête ? » Mon visage s'était fermé instantanément et j'avais franchement la nausée de la voir dans les bras de l'autre idiot. Je me retenais vraiment de gerber devant eux, là tout de suite. La sensation que j'avais était tout simplement horrible. Comme si quelqu'un avait pris un marteau et avait donné un grand coup dans mon coeur juste au moment où je les voyais tous les deux. Comme si des mains palpaient fort mon coeur et mes boyaux, comme si elles s'amusaient à les tordre et les emmêler n'importe comment. Et j'avais cette boule, cette énorme et immense boule coincée dans ma gorge, et je ne savais même pas si j'allais arriver à parler correctement ou si aucun son n'allait pouvoir sortir. Je n'aurai jamais cru avoir si mal. Je veux dire, je connais un peu, j'ai vu des séries. Aucune fille n'avait jamais embrassé une autre personne ou m'avait trompé alors que je sortais avec elle - en tout cas, pas que je sache. Alors les seuls sentiments de trahison et de tromperies que je connais, je les ai lus dans des livres, dans des fan fictions ou simplement vu à la télévision au cours de films ou de séries télévisée. J'avais toujours pensé qu'ils exagéraient les émotions, pour essayer de nous faire ressentir, nous lecteur ou téléspectateurs, un peu de comment devait se sentir la personne. Sauf que non, il n'y a aucune exagération. Toutes ses choses, toutes ses métaphores et comparaisons, je les ressentais à mon tour. Et ce n'était pas joli à vivre. Abbie se retourne vers moi vivement, surprise, mais pas du tout stressée ou quoi que ce soit de me voir, et le mec derrière elle hausse un sourcil en me détaillant par-dessus son épaule. Ma prétendue copine souffle doucement, comme si je venais casser son moment et que je la faisais royalement chier, non mais elle a fumée là ou quoi ? « Oh j'ai oublié de te prévenir ? » J'hausse un sourcil en la regardant, un peu perdu. Non, elle ne m'a définitivement pas prévenue. Non. Pas du tout. D'aucune manière. « Prévenir de quoi exactement ? » Je n'aime pas du tout ça. J'ai l'impression de ne rien comprendre, d'être un gros teubé quoi. Comme quoi, c'est bien beau d'avoir dans les dix-huit de moyenne, mais ce n'est pas pour ça que je suis devin. Bizarrement, je suis quand même vachement sûr que tout ça ne va pas me plaire des masses. « Ah ... » Elle à l'air d'hésiter quelque seconde, puis elle attrape son téléphone portable et commence à taper rapidement dessus. Ok c'est quoi cette nouvelle chose ... Genre elle m'a snobé en deux secondes, j'existe plus, je suis invisible ? Très respectueux tout ça. Puis bam, mon téléphone émet une petite sonnerie, vibrant dans ma poche, alors qu'Abbie me fait une sortie de sourire très hypocrite. C'est normal d'avoir autant peur de regarder un sms ? Ouais, non, je ne crois pas. Mon dieu. J'ai vraiment l'impression de devenir une gonzesse en deux secondes. C'est grave, très grave. Trop grave. J'attrape donc mon portable et je remarque que j'ai un sms non-lu d'Abbie, comme par hasard. Je l'ouvre et bam. Je crois ça me fait aussi mal que de la voir rouler un patin à un autre mec. Et je crois que c'est aussi complètement con de faire ça comme ça. Jcapte rien là, franchement. « Toi et moi c'est fini. Adieu. » Non mais ... Elle est sérieuse cette fille ?

Putaaaain. J'me suis fait renvoyer de cours, ça craint. Je n'ai rien fait en plus. Ouais bon presque, mais y a par mort d'homme quoi. J'ai juste crié en plein milieu d'un contrôle de mathématiques « C'EST QUI L'PAPAAAAAAA ?! », pour le délire quoi. En plus, j'avais déjà fini le contrôle, je m'emmerdais, ce n'est pas ma faute si c'est la seule chose que j'ai trouvé pour m'occuper. Et moooonsieur le professeur de mathématiques n'a pas été tout à fait content de mon enthousiasme débordant et m'a viré. J'ai résisté ardemment devant toute la classe, j'ai déblatéré tous les arguments possibles et inimaginables alors qu'il me tirait par ma veste pour que je sorte de classe alors que j'essayais de rester scotché à ma table, j'ai lutté en m'accrochant à la porte alors qu'il m'engueulait car tout le monde rigolait dans la classe et que je dérangeais le contrôle. Le connard. Il m'aurait laissé tranquille, j'aurai moins dérangé son contrôle que lorsque lui essayait de me virer. Alors maintenant, je me retrouve là, en plein couloir, assis comme un clochard par terre, genre j'suis cool AIIIIGHT. Comme je n'ai rien à faire j'envoie des sms à mes potes qui sont toujours en contrôle, et qui me répondent encore mort de rire de ma prestation en classe. Puis je lève mes yeux et je remarque une magnifique brune, dans un beau slim qui lui va à ravir. Un sourire se forme sur mon visage, habitude que j'ai prise dès qu'une belle fille se pointe devant moi et, toujours assis, je la salue. « Salut ! » Elle est plutôt mignonne comme je l'ai dit ... Peut-être pas trop mon genre de fille habituelle, mais pourquoi pas ... Hum ... Dur, je suis en pleine réflexion là ... Mais elle pourrait bien me servir. Je suis sûr je peux sortir avec elle, à l'aise quoi. Je suis trop craquant, j'ai qu'à lui demander et je suis sûre elle me répond oui de suite. Mais ça ne serait pas marrant. Alors j'vais plutôt essayer de draguer. « Salut. » Oh, c'est déjà un bon début, elle m'a répondu. C'est mieux que les toutes les meufs qui passent leurs chemins sans même être polie. Sauf que la ... Elle est justement en train de continuer son chemin. Je me lève vite, plus rapide que buzz l'éclair, passant mon sac de cours sur l'épaule et je lui attrape le poignet avant qu'elle me file entre les doigts. Je la regarde dans les yeux, tu sais le regard genre trop profond d'amoureux transi alors que je ne la connais même pas. Tsais comme dans les films, ou les deux héros ne peuvent détacher leurs regards et qu'il y a une espèce de connexion chimique qui se passe. Ouais bon, sauf que là, à part mon envie de sortir avec elle pour rendre Abbie jalouse, il ne se passe pas grand-chose. « Tu le sens ? » OUUUUUI, JE SAIS CE QUE VOUS ALLEZ DIRE, CAAAA VA. J'utilise les mêmes phrases pour toutes les filles, je le sais. Disons que quand je ne connais pas la meuf et que c'est la première fois que je la drague, cette phrase marche plutôt bien. Si je dois la draguer plusieurs fois pour la faire succombé, je vais utiliser d'autres techniques, c'est normal. Mais si elle marche, pourquoi la changer. Maintenant, j'ai qu'à croiser les doigts pour qu'elle ne la connaisse pas. « On se connait ? » Classique. Ce sont toutes les mêmes les filles, elles veulent toujours vous connaître avant de pouvoir avoir la chance de les draguer. Mais ça servirait à quoi de draguer quelqu'un après la connaître super bien ? Tu ne veux pas en faire ta meilleure amie, tu veux en faire ta copine, pas besoin de savoir grand-chose la première fois. Alors je ne me démonte pas, et je reprends ma question alors qu'elle a récupéré son bras qui était pourtant si bien entre mes doigts. « Tu le sens ? » Suspens ... Le sent-elle ou pas ? « Mais quoi ?? » OUAIS, C'EST TROP COOL, elle ne connait pas ma super technique de drague. C'est perfect, je n'ai pas à chercher une autre phrase rapidement comme j'ai dû le faire avec Abbie, tout va bien, j'peux draguer genre tranquille je suis à l'aise quoi. « Ce qu'il y a là. » Mon dieu, ça fait vachement mystérieux tout ça. « Le vent ? » A bah non, elle elle n'a pas l'air de le sentir là. Franchement, si j'étais pas à fond dans mon rôle de dragueur super sérieux, j'aurai éclaté de rire tellement elle m'a pris de cours la belle brune. Aller, c'est à moi d'attaquer et de la faire succomber. « Non entre toi et moi. C'est chimique, c'est inexplicable. C'est comme si je t'avais cherché toute ma vie et que finalement te voilà. » Je lui lance mon dernier regard que j'ai en collection pour cette première partie, dans le genre je suis trop charmé et émerveillé par sa beauté flamboyante tu vois, mais elle bah ... Elle part. Roh, elle n'est pas très rigolote. Mais bon, c'est marrant de savoir qu'elle ne m'est pas tombé dans les bras d'un claquement de doigt. De toute manière, elle peut partir tant qu'elle veut, je reviendrai accomplir ma mission. Et le lendemain, comme si Dieu m'avait entendu, elle était là, je la retrouvais. Ne restant plus énormément de place, elle s'est installée à la place juste devant moi, et j'étais plutôt très content. Disons que pour parler ou pour reprendre notre conversation précédente c'était bien plus facile, je pouvais lui dire ce qu'elle voulait et elle ne pouvait pas s'enfuir comme elle l'avait fait. Mais là, je n'avais pas envie de faire mon gros lourd. Si je commençais de suite comme ça, je risquais surement de me faire rapidement détester et ce n'était pas dans mes plans. Alors je me penchais et rapprochais ma bouche de son oreille pour disons, me présenter. « Stitch Fletcher. » Commençais-je en souriant, alors qu'elle me répondit. « Avalon Petrova. » Mh, joli prénom. Je remarquais qu'elle fit passer ses doigts sous ma table, comme pour serrer la main à quelqu'un lors d'une rencontre, et je fis de même, je lui prit la main doucement, mon petit sourire toujours collé à mes lèvres. De là tout s'est déroulé. Premières discutions, premier baiser, et bam, on sort enfin ensemble. On sort beaucoup, et j'en profite bien pour aller à des endroits où je sais qu'il se trouve Abbie, qu'elle puisse voir que je vais bien, que je peux sortir avec une autre nana et que je n'ai pas besoin d'elle. Même si ce n'est pas vraiment vrai. Entre Avalon et moi, au fil des semaines, des espèces d'habitudes sont venues sans que je ne m'en rende compte, des petits moments sympa dans lesquels je ne captais même pas que je ne pensais plus à Abbie, qu'il n'y avait qu'elle et moi. Enfin ouais, je m'en suis rendu compte ... Des millénaires plus tard, quand c'était trop tard. Comme les samedis soir à se regarder des vieux films en noir et blanc chez l'un ou chez l'autre, nos après-midi où l'on comblait nos gros appétits d'ogre par des immenses glaces de plusieurs parfums différents, de bonbons et une tonne de crème chantilly, des batailles de chatouilles et de polochons dès qu'on squattait son lit ou le mien ... Et c'était cool. Même si dans ma tête à ce moment-là je n'en prenais pas conscience et qu'il ne se passait rien pour moi. J'avoue toujours la tête ensorcelé par Abbie. Et j'avoue le regretter maintenant.

Aujourd'hui, c'est genre le jour le plus merveilleux de ma vie quoi. Je sais que j'ai tendance à exagérer, mais là, pas du tout. Après des mois où je ramais, après des mois à sortir avec une autre fille pour la rendre jalouse, après des mois à essayer de ne rien montrer lorsqu'elle était approchée par tous les autres mecs du lycée, je vais enfin la récupérer. Abbie. Hier, elle est venue en rampant à mes pieds chez moi, me suppliant - accroché à mes jambes - de bien vouloir me reprendre car je lui manquais terriblement et qu'elle valait cent fois mieux que la biatch brune que je me coltinais. Oui enfin ... D'accord d'accord, j'arrête de mentir, ça ne s'est pas tout à fait passé comme ça ... enfin sauf pour le commentaire sur Avalon ... Mais cela aurait pu ! Elle m'a juste fait comprendre dans son langage, sans faire de chichi ou tourner autour du pot pendant des heures, que nous devrions sérieusement considérer le fait de nous remettre ensemble. Si elle savait depuis combien de temps j'étais en train de le considérer, elle ne me croirait pas. Enfin, le plus important dans tout ça, c'est que je vais enfin pouvoir ressortir avec elle. J'ai fait genre le mec qui devait réfléchir à notre relation pour ne pas lui sauter dessus hier, histoire qu'elle ne comprenne pas trop que j'attends ça depuis des mois et que là, la seule chose que j'ai envie de lui dire c'est « OUI OUUUUUUI, RESSORTONS ENSEMBLE ET FAISONS DES MILLIONS DE BABYS LA TOUT DE SUITE ». Non je ne suis pas un gros obsédé. J'ai peut-être des hormones, mais je sais me les contrôler ... Enfin j'essaie ... Bref. Tout va enfin rentrer dans l'ordre, comme cela devait être. Abbie et moi allons reformer le couple le plus beau, le plus sexy, le plus mignon, le plus tout ce que tu veux, le couple qui fait envier tout le monde et Avalon ... Ouais c'est vrai que d'un autre côté je suis toujours avec Avalon, j'ai presque failli l'oublier celle-là dans mon euphorie. Abbie et moi allons reformer le couple le plus beau, le plus sexy, le plus mignon, le plus tout ce que tu veux, le couple qui fait envier tout le monde et Avalon ... Ouais c'est vrai que d'un autre côté je suis toujours avec Avalon, j'ai presque failli l'oublier celle-là dans mon euphorie. Bah Avalon elle fera sa vie de son côté hein, que voulez-vous. Ce n'est pas comme si je tenais à elle ni comme si c'était la future madame Fletcher, faut pas rêver. Je sais ce que vous allez dire, que je suis un bâtard, que si je sors avec elle c'est que je dois l'aimer un minimum non ? J'ai envie de vous dire pas forcément. Je veux seulement atteindre mes objectifs, je suis comme qui dirait un battant. Ma mère m'a enseigné que si je voulais quelque chose, il fallait que je travaille pour cela, qu'il fallait que je me batte pour cela et que je ne devais pas baisser les bras si c'était vraiment quelque chose d'important que je convoitais. Alors dans ce cas-là, tous les moyens sont bons pour arriver à mes fins non ? Abbie est quelqu'un d'important que je convoite et j'ai dû me battre pour la rendre jalouse, pour refaire ma place, et pour arriver au fait qu'elle veuille encore de moi. Ce n'est qu'une fille, elle s'en remettra la Avalon, elle devrait plutôt être honorée que je me sois montré à son bras pendant tous ces précédents mois. Elle est mignonne et tout, mais voilà quoi. Puis entre une meuf comme ça et la femme de ma vie, y a pas photo quoi. Je me sens comme un James Potter qui a ramé pendant si longtemps pour avoir sa Lily Evans et qui explose de joie maintenant qu'il a enfin accompli son but. Enfin, avant ça j'ai tout de même quelque chose à faire, car c'est juste impossible pour moi que je sorte avec une fille si j'en suis déjà avec une. Je veux dire, ça ne ce fait pas quoi. Il faut donc que j'annonce à Avalon que nous deux c'est fini. Et j'ai franchement envie de faire cela dans le sobre quoi. Je n'ai pas envie que l'on passe des heures à parler du pourquoi du comment, de pourquoi j'ai décidé de casser si subitement pour elle alors que tout avait l'air d'aller si bien, et des choses de ce genre. Et je n'ai pas envie qu'elle essaie de me retourner la tête en m'embrouillant et qu'au final je n'ai tellement pas envie de lui faire mal que je fini par oublier mon idée de casser avec elle. Donc je pense que la meilleure solution pour mon problème est le texto. C'est neutre, rapide, et de cette manière je peux aussi rapidement me remettre avec Abbie en un clin d’œil. Le choix idéal pour moi qui veux du vite et bien fait. J'envoie donc à Avalon un « je te quitte, désolé. » alors que nous sommes en cours de biologie. Bah oui, j'ai quand même mis « désolé ». J'ai hésité un moment à peser le pour et le contre de si je le mettais ou non, mais voilà, je ne suis pas un sans cœur contrairement à ce que les gens peuvent croire. D'accord, je m'occupe plus de moi, de mon propre cœur et de mes besoins, je suis égoïste, je le sais pertinemment. Mais ça ne m'empêche pas de ressentir de la compassion. Elle sortait quand même avec l'un des plus beaux mec du lycée, il ne faut pas oublier ! Le cours fini, je m'empresse de le quitter pour retrouver Abbie. Je la salue d'un « Hello beauté. » avec mon sourire super craquant comme je sais le faire alors qu'elle est maintenant officiellement redevenue ma petite-amie. Ha, la vie est tellement belle.

J'étais assis dans la cuisine, avec ma petite cousine Bambi de cinq ans sur mes genoux, lui faisant des tartines avec une montagne de nutella dessus pour le goûter. Elle de son côté s'amusait à me toucher mon nez, à le tordre, à pincer un peu mes joues en répétant pour essayer de me faire aller plus vite « Stiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitch, j'ai faaaaaaaaaaim ! », trouvant le temps long alors que je venais de commencer depuis même pas deux secondes. Je finis rapidement ses tartines et en mangea une avec elle, alors que ma mère rentrait du boulot et sourit en nous voyant tous les deux dans la cuisine. Bee laissa échapper un cri de joie en voyant sa tante et elle lui sauta dans les bras la bouche pleine de nutella, ce qui me fit rire. Une quinzaine de minutes plus tard, Bambi avait finie de manger, je lui avais nettoyé la figure, et elle était dans le salon en train de s'amuser. Ma mère, elle, s'assit en face de moi, ne disant rien pendant un long moment, puis commença. « Je t'ai dis à quel point j'étais en colère quand j'ai su que j'étais tombée enceinte de toi ? » Je lève mes yeux vers elle, incertain du sujet qu'elle allait aborder et qu'elle voulait que l'on parle. « Euh ... C'est censé me remonter le moral ? Parce que ça ne marche pas vraiment là. Non en fait ça ne marche pas du tout. Ou alors c'est pour me faire culpabiliser. Là par contre, si c'est ton but principal, ça marche plutôt bien. Plutôt très bien. Plus que très bien. J'me sens vraiment aimé du plus profond de ton coeur là tout de suite. Vraiment profond. Tu vois le profond ? Tu le vois ? Bah encore plus profond que ça. Tellement profond que je me vois même plus dans ton co- » Ouais, je sais, je parle trop. Trop. Tout le temps. Pour rien dire. Et surtout pas pour quelque chose d'important. Je ne sais pas pourquoi, ça arrive comme ça. Un trop plein d'information dans ma tête, et je n'ai d'autres choix que de les faire sortir. Ouais en fait je parle comme je pense. Je ne prends pas le temps d'analyser, de former correctement mes phrases, de choisir ce que je vais dire ... Ça sort juste. En paquet. Un très long paquet. En monologue le plus souvent. Et ça fait bien chier tout le monde. Ou rire, ça dépend des points de vues. Ce n'est pas plus mal je trouve. Ça fait que je suis plutôt très franche avec les personnes qui viennent me voir puisque je ne prends pas le temps de trouver un mensonge pour leur convenir, et dans certaine occasion, vous pouvez savoir mes sentiments en direct live quoi. Sans même à avoir à lire dans mes pensées. Plutôt cool quoi. « J'y arrive mon coeur, j'y arrive. Je venais de rencontrer l'homme de mes rêves, je rêvais de parcourir le monde, de baiser sur toutes les plages d'Inde, d'être amoureuse et là, j'ai su que j'étais enceinte. » Contrairement à ce que vous pouvez penser, que ma mère me dise ouvertement le mot « baiser » ne me choque pas le moindre et elle non plus d'ailleurs. J'ai très vite pris l'habitude de sa nature libertine, enfin, dès que j'ai pu comprendre les choses de cet ordre-là, étant donné qu'elle a toujours été comme ça depuis que je suis né. Et c'est plutôt une relation que je préfère, par rapport à celle des autres adolescents de mon âge avec leurs parents. Entre elle et moi, il n'y a pas tous ces tabous et je peux pratiquement tout lui dire, sur ma vie, sur ce que je ressens. « Ouais, désolé. Je sais que ça n'a pas dû être la joie avec un fils comme moi. » Je souris doucement, je savais très bien que j'avais gâché les espoirs de ma mère en venant au monde. Il avait suffi que d'une erreur, qu'un manque de capote ou de pilules, pour que bam, me voici me voilà. Ce n'est pas de ma faute quand même si son mec du moment ne connaissait pas les protections et que mon spermatozoïdes a été le plus rapide pendant THE course de la vie quoi. « Ensuite, tu sais ton père s'est révélé être un grand salop et du coup, c'était la merde. Jusqu'à ce que tu m'apportes tout ce qui m'avait manqué, et que tu fasses de ma vie un putain de conte de fée. Je ne m'y attendais pas. Les personnes qui nous rendent heureuses ne sont jamais celles qu'on pensent. Quand tu trouves une personne comme ça, tu te dois de la chérir. » Je me lève en souriant, la prenant dans mes bras, et je la sert fort contre moi, fermant les yeux. Ça me fait un putain de bien qu'elle me dise ça. Car même si maintenant je le prends à la légère, lorsque j'ai su pour la première fois que je n'étais pas du tout désirer et que j'avais brisé tous les rêves de ma mère, j'étais vachement mal. Je culpabilisais, je ne me sentais vraiment pas bien, je ne savais vraiment pas quoi en penser. Je ne sais pas trop si elle comprend ce qu'il se passe entre toutes les filles avec qui je sors, surtout en ce moment avec mon problème Abbie et Avalon. Mais indirectement, je pense qu'elle essaie de m'aider, même sans rien savoir. Je suis de nouveau avec Abbie, mais je pense qu'elle préférait de loin Avalon. Alors que ça faisait quelques semaines que j'étais avec elle, ma mère m'avait déjà déblatéré à quel point elle l'adorait, qu'elle la trouvait gentille, polie, qu'elle trouvait que je changeais à ses côtés, que j'étais meilleur, tout ce genre de choses. Je n'y avais vraiment pas fait attention à ce moment-là, j'écoutais à peine ce qu'elle me disait alors que dans ma tête je ne pensais qu'à mon ex petite-copine. Mais peut-être quel n'a pas tort, peut-être que ceux qui nous rendent heureux ne sont pas ceux que l'on pense. A méditer.

Je ne comprends pas, je ne comprends rien, je suis complètement paumé. Je suis avec Abbie, tout devrait être parfait non ? C'est ce que j'ai attendu depuis si longtemps. Mais alors, pourquoi je ne me sens pas mieux ? Pourquoi je n'ai plus le coeur apaisé à l'idée d'être débarrassé de Avalon ? Pourquoi je ne me sens pas mieux lorsque je sais que Abbie rampe maintenant à mes pieds et que j'ai enfin accompli mon objectif premier : elle a compris qu'elle m'aimait, que je l'aimais aussi, que me quitter était une erreur et maintenant, on peut enfin reprendre comme avant. C'est tout ce que j'ai toujours voulu. Ni plus, ni moins. Seulement que notre histoire ne finisse pas comme elle avait décidé qu'elle finisse, car c'était la femme de ma vie. Peut-être con et débile de dire ça comme ça, mais c'est vrai, je le savais, je le sentais, je le croyais. Dur comme fer, envers et contre tous. Mais si c'était vraiment la femme de ma vie, les sentiments devraient être différents non ? Je me sens sens juste ... Je ne sais même pas comment je me sens, je ne sais pas quels mots pourraient définir cela. Je n'ai pas mal au coeur, je n'ai pas des millions de petits nains dans mon estomac écrasant mes organes, je n'ai pas les mains moites, le coeur s'affolant ou ratant un battement, je n'ai pas envie de faire des efforts ni de donner le meilleur de moi-même, je n'ai pas envie de fondre en ne regardant qu'un de ses sourires qui m'est destiné, je n'ai plus envie de rien. C'est comme si je n'avais plus de sensation. Du vide. Je suis entouré de vide, je suis remplis de vide, je ne suis que du vide. Qu'une masse affalé sur mon lit, pire qu'un dépressif. Et je ne sais pas comment changer. Avalon. Elle me manque. Énormément.
J'ai fait une connerie. Dans le genre une immense connerie. Dans le genre une gigantesque connerie. Dans le genre la connerie de ma vie, la connerie qui ne fallait pas que je fasse, et la connerie que j'ai faite et qui gâche toute mon existence à présent. Et non, je n'exagère même pas. Pour une fois que je prends vraiment conscience des choses, il faut que le poids de mon idiotie sorte enfin et se révèle au monde entier. Que tout le monde le voit et se moque de moi. C'est tout ce que je mérite de toute manière. J'ai quitté Avalon pour Abbie. J'ai quitté Avalon pour Abbie. J'ai quitté Avalon pour Abbie. J'ai quitté la fille la plus exceptionnelle du monde pour une meuf blonde superficielle, qui se maquille tellement qu'on dirait un cochon clown - oh si, je suis sûr que ça existe si on cherche bien - qui ne m'a surement jamais aimé et qui m'a pris pour le plus gros con de la terre. J'ai quitté Avalon pour une meuf qui n'a aucune qualité si ce n'est qu'elle est bien roulée, qui ne pète pas plus haut que son cul et qui ne mérite même pas qu'on s'intéresse à elle. J'ai quitté Avalon. Comment j'ai pu faire ça sans même m'en rendre vraiment compte ? Je veux dire, elle était ... Elle n'était rien pour moi à ce moment-là, je le sais. Je ne captais rien à ce qui se passait dans ma tête, j'étais perdu, noyant de possible sentiments pour elle sous ma soif de vengeance et de mon envie de récupérer Abbie. J'étais paumé, je ne faisais pas attention à tout ce que l'on vivait nous de notre côté, je ne faisais pas attention à toutes les fois où on n'était que tous les deux et où je ne pensais même pas une seule seconde à mon ex-copine, je ne faisais pas attention à toutes ses petites manies que j'observais chez elle et que j'apprenais sans même le vouloir, sans même y faire attention. Je ne faisais pas attention à quel point elle était magnifique, qu'elle était marrante, qu'elle était folle, qu'elle me plaisait plus que ce que j'avais pu l'imaginer. Je ne faisais pas attention à quel point mes sentiments pour deux personnes complètement différentes s'étaient mélangés, que j'étais tombé amoureux d'Avalon et que je me voilais stupidement la face, poussé par mon égo qui fut blessé par Abbie, poussé par l'envie de montrer que je lui plaisais toujours autant, qu'il me suffisait d'avoir n'importe quelle fille à mon bras pour qu'elle devienne jalouse et qu'elle retombe dans mes bras, pour que mon amour propre redevienne au sommet. Et finalement tout ça ne sert à rien. Super, je suis avec Abbie. Next ? Je ne suis pas heureux. C'est plus comme avant. C'est moi, c'est mes sentiments, j'ai changé. J'ai fait tout ça pour rien, et j'ai surtout tout gâché avec Avalon alors que tout ce passait bien. Y a vraiment que moi pour faire ce genre de connerie. Y a vraiment que moi pour comprendre mes sentiments après avoir largué cette même-fille. Y a que moi qui fait des erreurs comme ça. Je crains tellement. Mais faudrait pas que je me laisse déprimé comme ça. Pas maintenant. D'abord, je vais commencer par dégager Abbie, parce que je m'en fous d'elle à présent. Jveux Avalon moi.

J'étais là, dans ma chambre, en compagnie d'Aéris-Mercy, ma meilleure amie. Affalé sur mon lit en me gavant de chips, je ruminais, mes yeux pourtant fixé sur la télé alors que n'écoutais aucun des dialogues du nouvel épisode de « pretty little liars » - oui je suis un mec et je regarde « pretty little liars », pas la peine de vous foutre de ma gueule. Bref, j'essayais tant bien que mal de me concentrer sur ce qu'il se passait à Rosewood avec les quatre menteuses, mais je n'arrivais pas à entrer dans l'épisode plus de trois secondes avant de retomber en mode dépressif de la vie. Je n'avais qu'elle en tête, je ne voyais qu'elle, je ne pensais qu'à elle, à chaque seconde, à chaque minute, à chaque heure de ma vie. Mon dieu, je fais pitié. Sérieusement. Je n'ai jamais été aussi mal de ma vie, même pas lorsque Abbie m'avait larguée. Si je pensais être tombé au plus bas lorsque je me suis fait jeter, je peux vous dire que là, je n'avais encore rien vu. Le pire, c'est que ce n'est même pas Avalon qui a voulu me dégager, c'est moi, comme le con que je suis. Je n'aurai jamais pensé regretter autant l'un de mes choix de ma vie. Même bouffer des chips en compagnie de ma meilleure amie n'arrive pas à me remonter le moral. Ça craint trop. « Bon aller, ça fait des heures que tu fais ton déprimé et que j'capte pas car y à moi, des chips, du coca et pll, tout pour te donner la pèche quoi. Alors j'sais pas pourquoi tu ne veux pas m'en parler, mais tu vas m'en parler parce que moi, je peux plus te regarder comme ça, j'te reconnais pas quoi. Qu'est-ce qui se passe Stitch ? » Ouais, j'ai dû être silencieux pendant trop longtemps, ce qui est loin de me ressembler, et cela a alerté ma meilleure amie. Je lui avais déjà dis lorsqu'elle est arrivée à la porte que j'étais vraiment pas en forme et que je n'en voulais pas en parler, mais je crois que là, elle en à marre de ne pas savoir pourquoi je fais la gueule. J'avoue que ce n'est pas vraiment mon trip d'être toujours la gueule dans le cul, je suis plutôt du genre à toujours rire et sourire pour un rien, mais j'avoue qu'en ce moment, ce n'est vraiment pas la joie. « Je suis amoureux … » Je ne sais pas pourquoi, mais ça me coutait de dévoiler ça. Lorsque je parlais d'Abbie, je disais ça facilement, comme si c'était normal, comme si ce n'était pas quelque chose de si important. Sauf que lorsque l'on est vraiment amoureux, ce n'est pas quelque chose que l'on dit si aisément. Et annoncer mes véritables sentiments à propos d'Avalon me faisait mal, mais au moins c'était la vérité, j'en étais sûr. Ça me rend fou de lui avoir dit ses trois mots au moins un million de fois lorsqu'on sortait ensemble, mais sans les penser une seule seconde. Ça me rend fou de lui avoir déballer des centaines de belles phrases pour la baratinée, encore tous ces trucs de dragueur pour garder leurs copines, alors que maintenant je les pense vraiment. Ça me rend fou de lui avoir fait autant de mal, de l'avoir fait souffrir rien qu'en un sms, alors qu'elle ne méritait pas ça. Ça me rend fou d'ouvrir les yeux que maintenant, alors que je l'ai déjà laissé tomber, plutôt que de me rendre compte de sa valeur pendant qu'on sortait ensemble. « Euh .. Ouais, je sais. De Abbie. Depuis le début de cette année. T'es genre super obsédé par elle et tu dis que c'est la femme de ta vie et toutes ces conneries. » Aéris' me regardait et me répondait comme si elle parlait à un enfant, comme si le fait que je dise que j'étais amoureux était normal étant donné qu'elle m'a entendu dire ça genre cinquante fois par jour en parlant d'Abbie, comme si elle ne comprenait pas pourquoi je parlais de ça comme ça, tout d'un coup, alors qu'elle le savait déjà. Elle va surtout me prendre pour un con, je le sais, rien qu'au fait qu'elle me dise « c'est la femme de ta vie et toutes ces conneries ». Elle me vannait déjà sur le fait que j'étais complètement sous le charme d'Abbie et que je n'arrêtais pas de dire que c'était la femme de mes rêves, et maintenant que j'ai trouvé qui était vraiment la femme de ma vie, elle ne va plus me croire quand je lui dis que j'ai un don pour trouver ce genre de truc. En même temps, je peux la comprendre, passé mon temps à déblatérer sur la blonde, et d'un seul coup, bam, je ne ressens plus rien et je me suis retrouvé in love de Avalon, elle va dire que je déconne. Ce n'est quand même pas ma faute si Avalon m'a comme ensorcelé. C'est de sa faute si je suis mal comme ça maintenant, c'est tout. « Non c'est … C'est pas du tout la femme de ma vie. C'juste une connasse comme ça. J'ai grave ouvert les yeux là, et ... Mon dieu je suis tombé in love d'Avalon. Tu le crois toi ? C'est le truc que je ne voulais pas que ça arrive ... Putain, jsuis sûr c'est elle la femme de ma vie. » Comme je l'imaginais, Aéris s'éclata de rire, se moquant de moi. Ok, j'avoue que de me voir moi, le grand Stitch, pratiquement au bord de la déprime pour une fille, c'est loin d'être courant. La seule fois où j'étais vraiment mal, c'est lorsqu'Abbie m'a larguée et quand j'y repense maintenant, je me dis qu'elle avait bien fait et que je n'aurais jamais dû essayer de la récupérer, vu comment je m'en fous d'elle à l'heure d'aujourd'hui. Le pire c'est que j'ai toujours été attiré par genre, les belles blondes - je sais, ça fait très stéréotypes et clichés - et Avalon c'est genre tout le contraire autant physique et même mental qu'Abbie. En gros, personne n'aurait imaginé que je tombe réellement amoureux d'elle ; sortir avec elle pour rendre jalouse Abbie : oui. Être vraiment amoureux : surtout pas. Et pourtant ... « Ouais, et demain ce sera moi la meuf de ta life, c'est ça ? » Je fais une moue pendant qu'elle rit de sa vanne. Non, je ne compte pas changer de « femme de ma vie » tous les deux jours, je ne suis pas comme ça. Je me suis peut-être trompé une fois, je ne sais pas comment j'ai fait, Abbie avait dû me laver le cerveau pour que je croie vraiment que c'était elle, mais là, j'en suis pire que sûre. Je ne risque pas de changer, c'est Avalon. Je le sens, je le sais, c'est comme ça. Ma moue reste collée sur mes lèvres pendant que j'ébouriffe les cheveux de ma meilleure amie en riant. « Arrête de dire des conneries, toi t'es déjà la femme de ma vie ! » Je m'exclame en lui faisant un clin d’œil, avant d'embrasser sa joue. Elle au moins, je sais qu'elle sera toujours à mes côtés, et que je ne me trompe pas sur elle. J'attrape mon oreiller et j'enfonce ma tête dedans. « Ça m'éneeeeeeerve, je n'sais pas comment faire pour la récupérer ... » Et bien oui, pas question que je reste comme ça, les bras croisées, la regarder s'éloigner. Je sais très bien qu'elle ne voudra jamais me reparler, et je peux le comprendre, mais elle mérite au moins que je fasse tout mon possible pour qu'elle me pardonne. De toute manière je n'ai pas le choix, je la veux. Elle, elle et rien qu'elle. Il me l'a faut. Et je n'accepterai pas de me faire doubler par un autre gigolo maintenant que j'ai enfin pris conscience de mes sentiments. Pas question. Out of the question. No way. Nooooo. « t'as fait le con, t'as fait le con, faut que tu assumes maintenant. » « Ouah. Merci vraiment de me remonter le moral comme tu le fais si bien Aéris, t'es censé être ma meilleure amie, être toujours là pour moi, pour me soutenir, être toujours de MON côté et pas m'enfoncer comme tu le fa- » BAM. Un oreiller dans la gueule. En pleine gueule. Entre les deux yeux. Merci Aéris. Je gémis de plainte. « J'ai envie de mouriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir ... » Je cogne plusieurs fois ma tête dans les deux oreillers, énervé contre moi-même, énerver contre ma connerie, énervé contre le gros con que je suis. J'aimerais tellement être Docteur Who, la tout de suite. Etre le dernier voyageur du temps et avoir un Tardis qui ressemble à une cabine de téléphone bleu avec écrit police dessus. Un Tardis qui t'emmène où tu veux, dans le siècle ou l'année que tu veux. Et je remonterai le temps, juste avant que je lui envoie ce sms pourris qui est vraiment en train de me gâcher la vie. Et comme ça, je serai toujours avec elle. Comme ça doit l'être. Comme tout aurait dû ce passé. Je suis trop con.